L’État a officiellement accepté de prendre la main sur la campagne de sensibilisation contre le harcèlement des femmes menée par un collectif val-d’oisien. Présentée à toutes les collectivités territoriales en cette fin de mois, l’initiative locale pourrait devenir plus massive, grâce à ce nouvel intermédiaire.

« Jusqu’au dernier moment, on n’osait à peine y croire », se réjouit Eina, responsable de la communication d’Héroïnes 95. C’est désormais chose faite depuis que l’État a officiellement accepté de se saisir de leur campagne de sensibilisation contre le harcèlement sexuel subi par les femmes. Elle a été présentée à tous les élus départementaux en charge des droits des femmes, le jeudi 25 novembre. Ces derniers peuvent ensuite la relayer aux communes du territoire pour qu’elles s’en fassent les diffuseurs au sein de l’espace public.
 


 
Les villes recevront un dossier composé de visuels de sensibilisation (affiches, outils et chiffres), aux contenus « non stigmatisants » pour les victimes et qui rappellent la loi et la responsabilité des personnes qui la transgressent, ainsi que des conseils adressés aux témoins. Les municipalités pourront librement mettre en place les huit propositions écrites par Héroïnes 95 pour informer la population du caractère délictueux du harcèlement. Facilement réalisables et peu ou pas coûteuses, ces initiatives vont du simple encart dans le journal municipal à l’organisation d’événements citoyens. « Tant que les femmes ne pourront pas occuper l’espace public […] sans craindre pour leur intégrité physique et leur santé mentale, elles ne seront jamais en sécurité nulle part », justifie sa démarche le collectif féministe, composé d’une quarantaine de personnes originaires du Val-d’Oise.
 

Revoir les objectifs de la campagne à la hausse

Né il y a près d’un an et demi, le groupe a lancé cette campagne en mai 2021, à la sortie du premier confinement. Remarquant une recrudescence du phénomène de harcèlement de rue, confirmé par un sondage Ipsos, les militantes ont contacté une par une toutes les communes du département pour qu’elles deviennent les relais de la campagne. Jusqu’à présent, dans le Val-d’Oise, seules les villes d’Argenteuil, de Sarcelles, de Montmagny, d’Eaubonne et de Montmorency avaient accepté. Malgré tout, grâce au soutien de l’association « Stop harcèlement de rue » et d’autres collectifs qui s’étaient rattachés à la cause, l’initiative avait déjà réussi à toucher d’autres villes, tel que Maxéville (Meurthe-et-Moselle) ou Les Andélys (Eure).
 

Nouvelles affiches de sensibilisation pour lutter contre le harcèlement de rue.

 

« Nous allons enfin arrêter ce travail de fourmi », se félicite la bénévole Eina qui a pu présenter la campagne au ministère de l’égalité entre les femmes et les hommes en juillet dernier, introduite par la députée (LREM) Fiona Lazaar. « Ce sont des actrices de terrain et il faut encourager ce genre d’initiative », applaudissait l’élue qui les soutient depuis leurs débuts.

 

Une rencontre qui aura porté ses fruits puisque Héroïnes 95 peut enfin laisser la main sur ce projet au gouvernement et aux collectivités territoriales. Si le collectif entend rester référent si besoin est, il souhaite surtout pouvoir se restreindre à « répertorier, visibiliser et faire un bilan » des initiatives appliquées. D’autre part, l’action ainsi facilitée permet au collectif de revoir ses objectifs à la hausse. Les bénévoles val-d’oisiennes espèrent qu’à présent « cette campagne soit menée dans toutes les villes de France et, dans l’idéal, qu’elles réalisent les huit initiatives que nous leur proposons dans le formulaire d’engagement ».

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Les huit initiatives proposées par Héroïnes 95 aux communes pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes :

  • Propositions zéro budget et réalisables en 24h :
    – Relayer sur les réseaux sociaux, à intervalles réguliers.
    – Diffuser des messages sur les panneaux d’affichage lumineux, à intervalle régulier.
    – Mettre en ligne sur le site internet de la ville des informations de sensibilisation relatives à la loi et aux numéros d’urgence.
    – Publier dans le journal municipal un petit encart pour un rappel à la loi et les numéros d’urgence.
  • Propositions à budgéter :
    – Des affiches de sensibilisation à coller dans l’espace public.
    – Organisation d’événements citoyens.
    – Fournir aux bibliothèques, médiathèques ou MJC, une bibliographie d’ouvrages de sensibilisation, selon les tranches d’âge (enfants, adolescents et adultes).
    – Des pancartes « Espace sans harcèlement », à l’entrée des espaces publics (mairie, parc,…) pour interpeller les passants.