L’architecte de l’œuvre urbaine et artistique devenue le symbole de l’ex ville nouvelle, s’est éteint le 29 mai à l’âge de 90 ans. Plusieurs élus rendent hommage au sculpteur israélien.

C’est en 1980 que Dani Karavan est appelé par Michel Jaoüen, urbaniste et actuel président de l’association de l’Axe majeur, pour « magnifier l’esplanade de Cergy, dont la vue donne sur Paris, et la mettre à disposition des gens », indique ce dernier. Décédé samedi dernier, l’artiste nonagénaire était le concepteur de cette œuvre monumentale, inscrite au patrimoine d’intérêt général, l’année dernière.

 

“L’Axe majeur émane d’un processus créatif d’échanges, au sein duquel Dani Karavan a eu un rôle central”, Michel Jaoüen

 

Cette trajectoire urbaine de 3,2 km lie le quartier de l’Horloge au carrefour de Ham, et surplombe la boucle de l’Oise. Elle est traversée de douze stations sculpturales, dont la passerelle rouge est la réalisation la plus célèbre. « C’est autant un projet artistique qu’un espace public », confie Michel Jaoüen. C’est à cette fin qu’il avait fait appel au sculpteur israélien Dani Karavan, en 1980, alors que le site était totalement vierge.

 

« Il travaillait pour les habitants de cette ville »

Né en 1930 à Tel-Aviv, l’artiste a d’abord étudié la peinture au sein de sa ville natale. Il a ensuite continué son apprentissage en Europe, côtoyant l’Accademia delle Belle Arti à Florence et l’Académie de la grande chaumière, à Paris. À partir de la fin des années 1960, il délaisse ses toiles pour s’essayer à la sculpture environnementale, discipline qui deviendra son credo.

 

Pendant plus de quarante ans, le plasticien a travaillé main dans la main avec Michel Jaoüen et Bertrand Warnier, urbaniste cergyssois. « Il n’était pas égocentrique et disait qu’il travaillait pour les habitants de cette ville. Il voulait en faire un lieu où chacun aurait sa place », raconte le président de l’association, parlant de celui qu’il considère comme « un ami ».

 

« Il nous a donné une partie de l’image de Cergy »

C’est un pari gagné puisque Jean-Paul Jeandon, maire de Cergy, soutient que l’artiste a su « incarner la dimension de ville passerelle de Cergy, complètement intégrée dans le quotidien des habitants ». Alexandre Pueyo, conseiller départemental (LR), qui ne cache pas sa « tristesse », le rejoint. « Il nous a donné une partie de l’image de Cergy. Une image dont nous sommes fiers », confie-t-il. Valérie Pécresse, présidente de la région, salue son travail qu’elle qualifie comme étant « un des visages architecturaux de l’Île-de-France ».

 


« Je rêve de finir cette œuvre », confiait Dani Karavan en 2019, au magazine Urbanisme, à propos de l’Axe majeur. Située à mi-chemin du parcours, sur l’étang de Cergy, l’île artificielle reste inachevée, tout comme le carrefour de Ham doit être repensé. « Nous travaillons dessus avec son assistante Anne Tamisier », souffle Michel Jaoüen.