Alors qu’ils bloquaient les portes de l’usine PPG Sealants Europe, à Bezons, depuis fin avril, les manifestants ont été évacués par la police le 25 mai. Insatisfaites des conditions de départ proposées en vue de la prochaine fermeture du site, la CGT et la CFTC avaient appelé à la mobilisation.

La grève aura duré près d’une trentaine de jours. Ce mardi, « plus de 120 CRS » sont venus délogés les contestataires dès 6h du matin, précise Mohammed Achoui, élu CFTC et secrétaire du CSE. L’évacuation s’est faite sans heurts, selon Catherine, déléguée syndicale de la CGT. « Nous avions donné la consigne aux salariés de laisser faire la police. Ils ont su rester dignes », souffle-t-elle.

 

Piqués devant l’usine spécialisée en production de mastics, et obstruant son entrée avec une chaîne, c’était plus de « 70 personnes par jour » qui manifestaient leur mécontentement, d’après Catherine. Ils ont aussi lancé une pétition qui a recueillie près de 620 signatures. « Nous bloquions la marchandise afin d’empêcher la production », surenchérit l’autre syndicaliste. Ils luttaient pour de meilleures conditions de départ en vue de la fermeture programmée de l’usine.

 

« Dès le départ, les négociations se sont très mal passées »

 

Présente à Bezons depuis 1905, l’entreprise a été rachetée il y a cinq ans par PPG, spécialiste mondial en peinture et enduit. Elle fournit principalement les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique. Or, la filiale aurait des « problèmes de compétitivité et de qualité », communique la direction. « Alors que le marché n’était déjà pas florissant, le contexte épidémique a aggravé la situation », explique-t-elle.

 

À ce titre, la direction avait déployé un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) au mois d’octobre dernier. Celui-ci prévoyait la fermeture complète de la structure bezonnaise, avec le licenciement progressif de ses 204 salariés. La décision n’est pas acceptée par la CGT et la CFTC, qui se sont réunies en intersyndicale. « Dès le départ, les négociations se sont très mal passées. La direction voulait faire vite, sans prendre en compte les risques psychosociaux et la crise sanitaire », déplore la déléguée.

 

Abondant dans leur sens, l’inspection du travail (DRIETTS) a refusé d’homologuer le plan social au début du printemps. « Les conséquences du projet de cessation d’activité sur les conditions de travail, la santé et la sécurité » ont été présentées de manière « incomplète » et « imprécise » par la direction, juge-t-elle. « Pour nous, c’était une victoire », exulte la déléguée CGT.

 

« Il faut qu’on sorte de cette crise »

 

Malgré l’annulation du PSE, « la direction n’a pas voulu renégocier », regrette Mohammed Achoui. Le dialogue social étant rompu entre les deux partis, le piquet de grève a été planté dès le 29 avril. Refusant de transiger sur les termes du PSE, l’entreprise s’est attelée à apporter les informations manquantes, nécessaires à sa validation, en vue de relancer le « même plan social ». « Nous allons préciser les conséquences que la phase de transition » pourrait avoir sur « la charge de travail des salariés », assure-t-elle.

 

« Maintenant que l’usine est débloquée », elle affirme vouloir renouer la communication avec les partenaires sociaux. « Il faut qu’on sorte de cette crise. Pour que le site continue à produire, nous devons trouver un terrain d’entente avec les salariés pour qu’ils reprennent leur activité jusqu’à la fermeture », annonce-t-elle. La prochaine réunion avec les syndicats aura lieu ce lundi 31 mai.