Après avoir obtenu un report de 48 heures, l’audience opposant le Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG) à l’Établissement public foncier d’Île-de-France (EPFIF) a eu lieu ce vendredi matin. Le tribunal judiciaire a demandé l’expulsion des zadistes qui occupent une parcelle depuis le 7 février afin d’obtenir l’annulation de la gare de la ligne 17 du Grand Paris Express.

La ZAD du Triangle de Gonesse

C’est une expulsion sans délai de la « ZAD » avec une astreinte de 500 euros par jour de retard, qui a été ordonnée ce vendredi en fin de journée par la tribunal judiciaire de Pontoise. Après un report de 48 heures obtenu mercredi 17 février, Bernard Loup, président du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), opposé à l’urbanisation de terres agricoles situées près de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, était de nouveau convoqué.

 

À l’origine, une plainte pour occupation illicite déposée par Valérie Pécresse, présidente de l’Établissement public foncier d’Île-de-France, propriétaire des terres agricoles sur lesquelles des militants ont  installé une « ZAD » depuis le 7 février, avec le soutien du collectif pour le Triangle de Gonesse. Après avoir obtenu l’abandon en 2019 d’EuropaCity, projet phare du Triangle, tous réclament l’abandon de la gare de la ligne 17 du Grand Paris Express. Cette dernière est perçue par les écologistes comme une porte ouverte à l’urbanisation de cette zone.

 

« Cette décision permettra la reprise dans de bonnes conditions des travaux préparatoires à la réalisation de cette future ligne dont la Région Île-de-France rappelle qu’elle est indispensable pour désenclaver les territoires du Nord de l’Ile-de-France et afin de leur offrir les meilleures opportunités de développement », s’est félicitée dans un communiqué ce vendredi soir Valérie Pécresse, présidente de la région.

 

« Les choses risquent de mal finir»

Durant l’audience, Me Tanguy Salaün a estimé son client, l’Établissement public foncier d’Île-de-France (EPFIF) « pris en otage » par cette « ZAD », sa trentaine d’occupants permanents, et sa poignée de cabanes faites de palettes et de tôles. Celui-ci rappelle que cette occupation à un « caractère politique », dans le but de faire obstacle à un « chantier d’intérêt général validé démocratiquement ».

 

Au-delà de l’effraction que constitue l’entrée sur cette parcelle, l’avocat de l’EPFIF y voit un « trouble à l’ordre public ». « Des vols de bardages [matériaux destinés à être posé sur la façade d’un mur, ndlr] ont eu lieu sur des chantiers voisins » et « ont été retrouvés sur la ZAD », a-t-il détaillé. Selon lui, des « intrusions ont eu lieu sur le chantier » de la gare et « les ouvriers ont été interpellés » par les zadistes. Me Salaün a réclamé une évacuation  urgente sans quoi « les choses risquent de mal finir ».

 

« Des arbitrages politiques doivent être faits »

Après s’est vu refusé un second report de l’audience, ce vendredi matin, Me Etienne Ambroselli, avocat du collectif pour le Triangle de Gonesse a qualifié dans sa plaidoirie l’occupation de « moyen d’expression » ayant pour but de « rappeler les faits ». Ce dernier a notamment fait référence aux critiques répétées par l’autorité environnementale à l’encontre de cette ligne de super-métro automatique, mais aussi à la décision du tribunal administratif de Montreuil de suspendre une partie du chantier en novembre 2019. Celui-ci avait pointé des compensations environnementales insuffisantes au regard de « la destruction de sites de reproduction de 27 espèces aviaires protégées ».

 

« Ce ne sont pas des zadistes qui font obstacle, le chantier doit partir sur des bases juridiques saines. Des arbitrages politiques doivent être faits », a martelé Me Etienne Ambroselli. Une référence aux arbitrages gouvernementaux attendus pour ce territoire suite à la mission de concertation menée par Francis-Rol Tanguy dans le but de définir l’avenir du Triangle après à l’abandon d’EuropaCity. Pour rappel, le collectif pour le Triangle de Gonesse milite pour la mise en place d’un projet agricole en circuit court sur ces terres agricoles.

 

Une expulsion «peu probable », selon l’avocat du collectif

« La décision [d’expulsion] sera transmise à la préfecture et signifiée aux occupants », a réagi auprès de l’AFP Me Tanguy Salaun, suite à la décision du tribunal. Cette dernière aura donc à charge de faire exécuter cette expulsion.

 

Un scénario que Me Etienne Ambroselli estimait quelques heures plus tôt « peu probable ». « Ça nous ferait un éclairage idéal pour mettre la lumière sur cette absurdité qu’est la réalisation de la ligne 17 aujourd’hui ». Bernard Loup, président du collectif annonce également réfléchir à faire appel de cette décision. Une mobilisation des partisans du CPTG est également prévue ce week-end sur la « ZAD ».