Depuis lundi, la grogne n’a cessé de monter dans les lycées et collèges du département. Les grévistes estiment que les règles sanitaires en place sont insuffisantes.

Les professeurs du collège Pierre Curie de L’Isle-Adam ont fait partie des enseignants en grève dans le département ce jeudi. DR. 

« Certains établissements ont été fermés à 90% », annonce fièrement Christophe Lucas, cosecrétaire départemental SNES-FSU 95, sans toutefois pouvoir donner leur nombre. Très remontés depuis la rentrée, plusieurs professeurs du secondaire se sont mis en grève ce jeudi. Certains établissements étaient déjà fermés dès lundi. En cause, le « mépris du gouvernement », tance le syndicaliste de 39 ans. 

 

« Tout a commencé avec l’hommage raté pour notre collègue Samuel Paty », raconte Christophe Lucas. « Nous étions tous choqués et plusieurs collègues s’étaient préparés à faire un véritable travail pédagogique sur le sujet… Tout ça pour nous annoncer la veille qu’il n’y aurait plus qu’une minute de silence », dénonce-t-il. 

 

« Les classes, les couloirs et la cantine restent bondés »

Par ailleurs, plusieurs professeurs ne se sentent plus en sécurité au travail. « Le gouvernement a annoncé un protocole sanitaire renforcé, mais les classes, les couloirs et la cantine restent bondés ! On se retrouve parfois avec 36 élèves par classe », critique l’enseignant qui réclame l’instauration de demi-groupes. 

 

Lui-même professeur de technologie au collège François Mauriac de Louvres, il côtoie plusieurs classes dans sa salle. « Pourtant, le protocole sanitaire prévoit bien que les classes soient toujours dans la même salle, exprime-t-il, mais ce n’est pas possible dans tous les établissements ». Comme 85% du corps enseignant de son collège, Christophe Lucas ne s’est pas rendu dans son établissement ce jeudi. 

 

Au lycée Romain Rolland de Goussainville, Claire Riou fait aussi partie des grévistes. Représentante syndicale Sud-Éducation du Val-d’Oise, la professeure d’histoire-géographie donne cours à six classes différentes. « On se considère en insécurité, car on ne peut pas mettre une table entre chaque élève et certains d’entre eux ont du mal à garder le masque toute la journée », déclare-t-elle.

 

Alterner présentiel et distanciel ?

Face à l’impossibilité de dédoubler les classes, la représentante syndicale Sud-Éducation du Val-d’Oise s’est réunie avec plusieurs de ses compères pour proposer un nouveau projet de protocole sanitaire au rectorat. « On accueille à peu près 2 000 élèves entre la filière professionnelle et générale. Notre but serait d’accueillir les uns le matin et les autres l’après-midi, et inversement la semaine prochaine pour éviter les brassages », explique la professeure. 

 

Un mélange entre présentiel et distanciel qui permettrait de préparer les élèves à un confinement total qu’elle estime « inévitable dans les prochaines semaines ». « On voulait profiter de cette période pour tester tous ces outils numériques en classe. Les assistantes sociales du lycée ont même réfléchi à mettre en place des clés d’abonnement internet pour les élèves en grande précarité, mais personne ne nous écoute », déplore Claire Riou. 

 

Depuis lundi, près de la moitié des professeurs du lycée seraient en grève. « Et nous continuerons jusqu’à ce que nous soyons entendus », annonce-t-elle. 

 

Face au silence de l’Éducation nationale, la Peep a rejoint la lutte. La fédération de parents d’élèves encourage les élèves à ne pas aller en cours pour aider les professeurs à obtenir gain de cause. 

 

« Il en va de la sécurité de nos enfants »

Céline Guebghid, 39 ans, assume. Sa fille en terminale d’un baccalauréat professionnel option commerce ne s’est pas rendue à l’école ces derniers jours. « On est conscients que cette année est très importante pour elle. Mais tant que le rectorat n’aura pas répondu à la demande des professeurs, on continuera d’être solidaires avec eux », précise-t-elle. 

 

Sans compter que l’habitante de Goussainville craint pour la sécurité de sa fille : « C’est une grande asthmatique, donc je ne suis pas sereine de la laisser retourner en classe dans ces conditions ». 

 

Aide-soignante à l’hôpital de Gonesse au quotidien, Céline abonde dans le sens des professeurs. « C’est impossible de limiter les brassages avec autant d’élèves… En alternant le présentiel et le distanciel, on pourrait dégorger les cantines. Aujourd’hui, nous ne voulons plus attendre. Il en va de la sécurité de nos enfants », conclue la parente d’élève. 

 

Contactée, la direction académique du Val-d’Oise n’a pas répondu à nos sollicitations. « Un préavis de grève a déjà été déposé pour la semaine prochaine et nous répondrons présents à l’appel national mardi prochain », prévient Christophe Lucas, co-secrétaire départemental de la SNES-FSU 95.