Cette décision clôt le contentieux judiciaire qui existait entre le groupe allemand et la mairie d’Argenteuil. Après avoir validé le permis de construire en 2019, la commune s’était finalement rétractée quelques mois plus tard, sous la pression des riverains. L’avenir du terrain en friche reste en suspens.

« Heureux d’annoncer en préambule de ce [conseil municipal, ndlr] que le groupe Lidl a décidé de retirer son projet d’implantation sur le terrain dit Sifru, au pied de la butte d’Orgemont ». C’est avec ce tweet que le maire LR d’Argenteuil, Georges Mothron, a annoncé la nouvelle mardi soir. 

 

 

Le projet porté par la firme allemande, qui comprenait la création d’un bâtiment d’une surface de 2300 mètres carrés et d’un parking de 7 000 mètres carrés, ne verra jamais le jour. Interrogé, le groupe Lidl n’a pas donné suite à nos sollicitations. 

 

« C’était un peu David contre Goliath »

Pour Marine Chailloux, conseillère municipale d’opposition EELV et membre du Collectif pour la défense de la butte d’Orgemont, c’est une victoire « inattendue ». « Beaucoup nous disaient que le combat était perdu d’avance, que c’était un peu David contre Goliath, mais on a réussi », sourit-elle. 

 

Celle qui s’est battue aux côtés de Philippe Doucet (PS) lors des dernières élections municipales, en profite pour attaquer l’édile. « Il a essayé de récupérer cette victoire, alors qu’il avait lui-même signé le permis de construire », ironise-t-elle. En effet, la mairie avait d’abord accordé le sésame au géant de la distribution en février 2019, avant de faire marche arrière quelques mois plus tard. 

 

Depuis son annonce en février 2019, le projet de construction d’un nouveau centre commercial Lidl sur la butte d’Orgemont fait polémique.

« Certains aspects du projet avaient changé et nous avons su écouter la mobilisation locale », défend le cabinet du maire. Une décision contestée en justice par le groupe Lidl au cours des derniers mois. Avec l’officialisation de son retrait, le contentieux est désormais clos. « C’est une bonne nouvelle », souligne la mairie de droite. 

 

La conseillère municipale d’opposition, Marine Chailloux, soupçonne la majorité d’avoir offert des contreparties au groupe allemand. « Nous ne sommes pas dupes, on sait qu’un deal a été passé », croit savoir Marine Chailloux. 

 

Une affirmation rejetée en bloc par la ville : « Aucune contrepartie n’a été négociée avec le groupe. Nous avons appris leur décision, pas plus tard que la semaine dernière ». Le cabinet du maire assure également « qu’il n’y aura pas de construction d’un centre commercial ailleurs ». 

 

Un projet de ferme pédagogique

Fier de sa victoire, le collectif pour la défense de la butte d’Orgemont ne souhaite pas s’arrêter là et réclame le rachat de la parcelle par la ville. En effet, les 2,2 hectares de terrain en friche appartiennent à un consortium américain à l’heure actuelle.

 

En zone d’activité économique depuis 2007, le rachat de la parcelle pourrait permettre de la faire passer en zone naturelle protégée. C’est déjà le cas des secteurs alentours, gérés par l’Agence régionale des espaces verts. 

 

Mais pour la mairie, deux difficultés majeures s’imposent. Premièrement, « le promoteur réclame un prix très élevé, de l’ordre de 5 M€ ». Un coût que la collectivité ne peut pas assumer seule. Si la ville a bien tenté de trouver un accord financier avec l’Agence régionale des espaces verts pour racheter le terrain, aucun n’a abouti à ce jour. 

 

De plus, le passage du secteur en zone naturelle protégée réclamerait une révision du plan local d’urbanisme (PLU). « Ce n’est jamais simple, temporise la mairie, sans compter que le propriétaire du terrain pourrait nous poursuivre pour manque à gagner ». 

 

Une ferme pédagogique pourrait finalement y voir le jour. Une idée déjà soulevée à plusieurs reprises par le collectif pour la défense de la butte d’Orgemont. La mairie réalise actuellement des études dans ce sens.