Une lettre ouverte a été adressée au président de la République le lundi 22 juin par près de 26 associations. Elle vise à interpeller l’exécutif sur le projet d’extension de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. 

 « Est-il nécessaire de construire le Terminal 4 de Roissy Charles de Gaulle ? ». Telle est la question adressée au président de la République, le 22 juin dernier par 26 associations, collectifs et ONG. Initiée par l’association de défense contre les nuisances aériennes (ADVOCNAR) basée à Saint-Prix, cette lettre ouverte profite du contexte d’après crise sanitaire pour rappeler le gouvernement à ses engagements écologiques.

 

Initié en 2019, le projet prévoit la construction d’un nouveau terminal, afin de permettre à Roissy de rester dans le peloton de tête des principaux hubs aéroportuaires mondiaux. L’infrastructure pourrait accueillir 40 millions de passagers en plus par an, l’équivalent du trafic d’Orly. Le groupe a annoncé début mai le report de l’enquête publique de ce projet qui devait se tenir ce printemps. Un recours contre le projet a par ailleurs été déposé par plusieurs associations début juin.

 

Le secteur aérien bouleversé par la crise sanitaire

La crise sanitaire a depuis engendré d’importantes conséquences économiques. « C’est un choc historique. Nous allons perdre plus de 50 % de notre chiffre d’affaires, qui pourrait être amputé d’environ 2,5 milliards d’euros », a annoncé Augustin de Romanet, PDG du groupe Aéroports de Paris dans les colonnes du JDD. « Plusieurs freins seront à l’œuvre avant que l’on retrouve la croissance tendancielle : la baisse de l’offre des compagnies et la diminution des flottes d’avions, l’essor des visioconférences, les comportements plus précautionneux des touristes et les considérations environnementales. », constate-t-il. 

 

Sans remettre en cause l’existence du projet, le président du groupe ADP a indiqué cependant que « si [la croissance effective du trafic]est plus modérée, il pourra être un peu décalé et étalé dans le temps ». Le président de l’association ADVOCNAR ne se fait pas d’illusions. « Ils ne veulent pas du tout abandonner le projet, pourtant complètement utopique par rapport à la situation qu’on vit », insiste-t-il.  

 

La question environnementale sur le devant de la scène

Selon les associations signataires de la lettre ouverte, l’aménagement d’un nouveau terminal est un « projet symptomatique d’un temps révolu ». Une position soutenue par les conclusions de la convention citoyenne pour le climat, rendues publiques le 21 juin. Les 150 citoyens tirés au sort préconisent notamment l’interdiction des extensions d’aéroports. « Inquiets et mal traités, précarisés, méprisés par les aménageurs et donneurs d’ordres du secteur aérien depuis des décennies, les populations survolées ne peuvent qu’accueillir avec satisfaction les propositions de la Convention citoyenne », écrit Jean-Mary Baty, président du MNLE-93 Nord Est Parisien dans un communiqué. 

 

Par ailleurs, la privatisation des aéroports de Paris pourrait être reportée au-delà de 2022. « Les conditions actuelles de marché ne sont pas favorables au lancement de la privatisation », a déclaré lundi 22 juin la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne.