Après plusieurs recours juridiques de la part d’associations de défense de l’environnement, la plus haute juridiction administrative donne finalement raison à l’État. La ZAC du Triangle de Gonesse sera bien aménagée, même si son avenir reste flou.

Le Conseil d’État a tranché. Dans sa décision du mercredi 1er juillet, la plus haute juridiction administrative valide définitivement la ZAC du Triangle de Gonesse. Un point final à quatre ans de bataille juridique entre des associations de défense de l’environnement et l’État. 

 

Tout avait commencé en 2016, lorsqu’un arrêté préfectoral annonce l’aménagement de 299 hectares de terres agricoles sur le Triangle de Gonesse, à l’est du Val-d’Oise. En ligne de mire, la création d’un méga complexe de loisirs et de commerces piloté par Auchan et le conglomérat chinois Wanda, EuropaCity. Ce dernier devait accompagner la construction d’un quartier d’affaires ou encore de la seule gare du Val-d’Oise du Grand Paris Express. 

 

Si EuropaCity a été subitement abandonné par le gouvernement en novembre 2019, seuls les chantiers de la gare ont été lancés dans cette zone vouée à être urbanisée. Censée relier les sites olympiques de Saint-Denis au Bourget dans le cadre des JO de 2024, la ligne de métro 17 du Grand Paris Express a néanmoins été retardée par l’épidémie de Covid-19. La validation définitive de la ZAC par le Conseil d’État donne la garantie qu’un projet pourra se bâtir autour de la gare. Les élus locaux réclament toujours un projet alternatif. 

 

“ Relancer l’urbanisation, c’est aller contre le sens de l’Histoire ”

Depuis plusieurs années, des militants écologistes se battent contre l’urbanisation du Triangle de Gonesse. 

Pour le président du Collectif pour le Triangle de Gonesse, Bernard Loup, “ les élus locaux doivent se faire une raison. Relancer l’urbanisation, c’est aller contre le sens de l’Histoire ”. Opposant au projet dès ses débuts en 2016, le militant souhaite mettre les politiques face à leurs décisions. “ Dans un contexte de poussée des écologistes aux élections municipales et de tenue de la convention citoyenne sur le climat, personne ne comprendrait qu’on relance la bétonisation du territoire ”, croit savoir Bernard Loup.

 

Avec plusieurs associations de défense de l’environnement, il mise sur le développement d’une agriculture locale et plus saine synthétisé dans le projet Carma. Un dessein “ avec peut-être moins de touristes mais nettement plus utile ”, défend Bernard Loup. 

 

Une décision approuvée par les élus 

C’est pas ça qui fera travailler notre population, rétorque Patrick Renaud, président LR de la communauté d’agglomération Roissy Pays de France. Au départ, on misait sur 10 000 à 15 000 créations d’emplois, avec le projet Carma on en aurait à peine une dizaine ”. Si l’élu se satisfait de la décision du Conseil d’État, il regrette toujours l’abandon d’EuropaCity : “ Tout n’était pas parfait mais le projet avait le mérite d’exister. Sans cela, personne ne va venir installer ses bureaux à Gonesse quand il peut le faire à Paris… Ce territoire ne méritait pas ça ”. Bientôt à la retraite, il souhaite “ bon vent ” à son successeur, estimant que “ Roissy a besoin de dynamisme économique et d’emplois ”. 

 

Le projet EuropaCity, censé accueillir un énorme complexe d’activités et de loisirs, souhaitait attirer près de 30 millions de visiteurs chaque année. 

De son côté, l’édile divers gauche de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, approuve également la décision “ qui va pouvoir nous permettre d’avancer plus sereinement sur le projet ”, selon lui. “ Nous devons travailler à un projet de développement économique, humain et culturel autour de la gare de métro de la ligne 17 du Grand Paris express, qui doit permettre à des milliers de personnes d’utiliser un transport propre pour se rendre au travail ”, poursuit l’édile.

 

Particulièrement engagé sur le projet, Jean-Pierre Blazy rappelle que 8 000 hectares de terres agricoles seront préservées. Les 299 hectares de la ZAC étant “ enclavées entre autoroutes, voies rapides et deux aéroports, nous sommes bien dans la recherche d’un équilibre entre progrès social et économique nécessaire et préservation de l’environnement ”, conclut-il. 

 

Commandé par le gouvernement après l’annulation d’EuropaCity, le rapport de l’urbaniste et haut-fonctionnaire, Francis Rol-Tanguy, doit dessiner le nouveau visage du Triangle de Gonesse. Il est attendu dans les prochains jours.