Le processus du déconfinement se fera bien progressivement à partir du lundi 11 mai pour tous les départements. Mais l’Île-de-France se voit imposer des mesures spécifiques en raison de la situation hospitalière et la circulation du virus plus forte qu’ailleurs.

« Au vu des résultats sanitaires enregistrés ces derniers jours, la levée progressive du confinement peut être engagée ce lundi 11 mai ». C’est ainsi que le Premier ministre Édouard Philippe a ouvert sa conférence de presse du jeudi 7 mai, qualifiant son annonce de « bonne nouvelle ».

 

Une situation qui reste tendue

Mais si la nouvelle peut réjouir après deux mois de confinement, des disparités existent. « Certains départements ont des résultats moins bons qu’espérés », a estimé le Premier ministre. Dans le viseur notamment, l’Île-de-France, classée rouge au regard de trois indicateurs : la circulation du virus, les capacités hospitalières et la capacité à réaliser des tests. Si ce dernier est au vert, les deux autres ne le sont pas.

 

Le virus circule plus fortement qu’ailleurs dans le Val-d’Oise et Paris. Ces deux territoires enregistrent sur les sept derniers jours, plus de 10% de suspicions de cas de coronavirus dans les passages aux urgences. À l’échelle nationale, seul un autre département connaît un niveau aussi élevé, Mayotte, qui fait figure d’exception puisque non concerné par le processus de déconfinement au 11 mai.

 

Dans la région, la tension sur les services de réanimation reste importante malgré une baisse régulière du nombre de patients ces dernières semaines. Au total, 1 328 personnes sont ainsi en réanimation dans la région, un chiffre au plus bas depuis le 26 mars dernier. Ce chiffre représente néanmoins un taux d’occupation des lits de réanimation supérieur à 80%, selon les chiffres présentés par le ministre de la santé, Olivier Véran.

 

Un déconfinement plus strict qu’ailleurs

La situation francilienne impose donc une « vigilance particulière », selon le Premier ministre. Des mesures plus restrictives qu’ailleurs seront appliquées. Contrairement aux départements en zone verte qui vont voir leurs collèges rouverts à partir du 18 mai, ceux des départements rouges resteront fermés jusqu’à nouvel ordre. Les écoles primaires et maternelles seront en revanche rouvertes à partir du 11 mai, à condition tout de même que les maires y soient favorables.

 

Les transports en commun vont également faire l’objet de mesures spécifiques. En Île-de-France, leur capacité va être augmentée passant pour la RATP de 30% aujourd’hui à 75% dès lundi. Mais il sera nécessaire de « limiter la fréquentation à 15% », a annoncé la ministre de la transition écologique, Élisabeth Borne. Pour atteindre cet objectif, cette dernière a annoncé que le recours au télétravail devait rester la règle, et que l’accès aux transports sera « limité à ceux ayant une attestation en heure de pointe ». Le port du masque sera également obligatoire dans l’ensemble des transports pour les usagers à partir de 11 ans. Le non-respect de ces mesures fera l’objet de verbalisation de 135€. 

 

Comme annoncé lors d’une précédente conférence de presse, les déplacements interrégionaux seront limités, notamment avec la mise en place d’un périmètre de 100 km autour du domicile. Au-delà, une attestation sera nécessaire pour justifier d’un déplacement professionnel ou d’un motif impérieux.

 

Les commerces vont pouvoir rouvrir à compter du 11 mai à l’exception des cafés, bars, hôtels, restaurants. Une date de réouverture pour ces établissements doit être annoncée fin mai, a expliqué le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Les centres commerciaux de plus de 40 000 mètres carrés et tous ceux de la région Île-de-France resteront en revanche fermés. Enfin les parcs et jardins resteront fermés dans les départements classés en rouge.

 

Un prochain point dans trois semaines 

« Le déconfinement progressif ne doit pas être le signe du relâchement de notre vigilance », a également averti le Premier ministre. Celui-ci a par ailleurs annoncé la prochaine échéance du processus du déconfinement. « À la fin du mois de mai, nous saurons si oui ou non, nous avons réussi à contenir l’épidémie. Nous saurons tout de cela au rythme des contaminations et des entrées à l’hôpital et en réanimation ».

 

Deux cas de figure seront ainsi possibles. « Si ces chiffres restent bas, nous pourrons passer à une nouvelle phase, élargissant nos espaces de liberté dans de nombreux domaines […] Si ce n’est pas le cas, nous en tirerons les conséquences et nous nous adapterons. Je souhaite éviter cette hypothèse, mais il ne serait pas sérieux et raisonnable de ne pas l’évoquer ».