Plus de la moitié des entreprises du département bénéficierait du chômage partiel, et une large majorité déplore des pertes de chiffre d’affaires selon une étude menée par la Chambre de commerce et d’industrie auprès de 172 entreprises. Une situation qui pousse son président et certains élus à demander des abandons de charges le temps de la crise.

L’impact du confinement s’annonce massif sur l’économie malgré les dispositifs gouvernementaux comme le report de charge, le fonds de solidarité aux TPE ou encore la mise en chômage partiel. Pour cette dernière mesure, qui permet à une entreprise de bénéficier d’une prise en charge par l’État des salaires, 177 500 demandes étaient comptabilisées au 10 avril à l’échelle de la région, soit 1.96M de salariés.

 

Si aucun chiffre départemental n’est communiqué par les services de l’État, Pierre Kuchly, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Val-d’Oise estime de son côté qu’environ « 40 000 des 68 000 entreprises du département » auraient fait appel à ce dispositif.

 

Selon une étude menée par la Chambre de commerce et d’industrie auprès de 170 entreprises val-d’oisiennes, elles seraient 54% à être concernés par les mesures de fermetures administratives imposées dans le cadre de l’État d’urgence sanitaire. Parmi les 46% pouvant encore exercer, 69% étaient toujours en activité au 3 avril dernier.

 

Qu’elles exercent ou non, cette étude relève également les principales difficultés rencontrées par les entreprises. 82% de celles interrogées déplorent une baisse de leur chiffre d’affaires, 51% des ruptures de leurs approvisionnements, 31% des baisses d’effectifs, même proportion pour les difficultés de trésorerie. 27% des entreprises disent avoir vu leurs chantiers ou commandes publiques stoppés, et 24% déplorent des factures de leurs fournisseurs non réglées.

 

Les entreprises du bâtiment au ralenti

Du côté du secteur du bâtiment, qui compte quelque 3000 entreprises, l’impact est colossal. « Le 15 mars, il y a eu un arrêt brutal des chantiers de l’ordre de 95%. Nous ne savions pas quoi mettre en place pour permettre aux salariés de travailler en toute sécurité », rapporte Sébastien Thaveau, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) du Val-d’Oise.

 

Cette situation entraîne logiquement de lourdes pertes. « Quand vous avez 95% de votre activité qui s’arrête à la mi-mars, ça veut dire que vous facturer que deux semaines de travail au lieu d’un mois. Et maintenant à la mi-avril, on a 15% des chantiers qui ont repris, certains vont facturer que 10% de leur chiffre d’affaires habituel », explique Sébastien Thaveau.

 

Un guide des pratiques à mettre en oeuvre dans le secteur vient d’être établi, ce qui devrait permettre à l’activité de « repartir dans les semaines à venir », explique le président de la FFB95. Mais ces mesures ne seront pas sans conséquence. « Les moyens à mettre en oeuvre pour protéger nos salariés entraînent un surcoût de l’ordre de 25%, explique Sébastien Thaveau. Il faut que tous les acteurs, du fournisseur au client se répartissent ce coût et non l’entreprise seule parce que ça ne sera pas possible », ajoute le président de la FFB95 qui dit craindre pour la pérennité des entreprises du secteur, qui compte généralement moins de 10 salariés.

 

Un abandon des charges ?

« La majorité des entreprises du Val-d’Oise sont des TPE-PME avec moins de cinq salariés », explique Pierre Kuchly, président de la CCI Val-d’Oise. Une situation qui laisse présager de possibles difficultés à venir. « Une entreprise de 10 salariés est forcément plus fragile qu’une entreprise de 1000 salariés, parce qu’elle n’a pas forcément les mêmes réserves, appuis, actionnaires et puis le même soutien gouvernemental ou des banques ».

 

Et si le président de la Chambre de commerce et d’Industrie du Val-d’Oise estime que les aides mises en place par le gouvernement « ont l’air de marcher », il ajoute qu’une annulation des charges sur les entreprises est nécessaire. « Il faut absolument que le gouvernement les abandonne pour mars, avril et peut-être mai. Cela ne sert à rien de les reporter, on ne pourra pas jamais s’en sortir si on ne le fait pas », explique Pierre Kuchly.

 

Deux sénateurs LR du Val-d’Oise, Arnaud Bazin et Jacqueline Eustache-Brinio ont d’ailleurs écrit dans ce sens au ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, le 10 avril dernier. Tous deux estiment que « les conséquences financières de cette décision pour l’État et les organismes de sécurité sociale seraient inférieures à celles qu’engendreraient la faillite de milliers d’entreprises, la chute de l’investissement et l’accroissement du chômage ».

 

« Désormais, nous savons où nous allons », président du Medef 95

Bonne nouvelle tout de même, un horizon de déconfinement a été annoncé par le Président : le 11 mai prochain. « Pour une grande majorité des chefs d’entreprises avoir un cap c’est bien », se réjouit Pierre Kuchly, président de la Chambre de commerce et d’industrie. 

 

Même accueil du côté du Medef 95. « Nous savons que le 11 mai, sauf catastrophe, le pays va se déconfiner gentiment. Cette annonce satisfait beaucoup les entrepreneurs, car désormais on sait où nous allons, estime Michel Jonqueres, président du Medef 95, cela permet aux entreprises de bien préparer la reprise ».