1416 personnes âgées résidant en Ehpad seraient décédées du Covid-19 en France, selon le dernier bilan dévoilé ce vendredi. S’il n’existe pas encore de statistique officielle dans le Val-d’Oise, plusieurs cas ont été recensés.

Le bilan du nombre de décès en Ehpad liés au Covid-19 est passé de 884 à 1416 en une journée. Ajoutés aux 5091 décès en milieu hospitalier, selon le bilan de ce vendredi, c’est 532 de plus que jeudi où ces chiffres étaient annoncés pour la première fois. Le gouvernement, très critiqué pour ne pas l’avoir fait avant, justifiait cette décision par manque de données consolidées. Et le professeur Jérôme Salomon précise bien qu’il s’agit de chiffres partiels. 

 

Aucun chiffre officiel en Île-de-France

Alors que d’autres régions ont communiqué des chiffres plus précis, aucun décompte officiel n’existe à ce jour en Île-de-France. “Il n’y a pas de remontée automatique des informations comme c’est le cas dans les hôpitaux, explique l’Agence régionale de la santé francilienne. Lorsqu’un décès arrive, les directeurs des établissements sont invités à remplir un questionnaire pour savoir si le Coronavirus est en cause mais les taux de remplissage atteignent à peine les 50%”. 

 

Ce sont des personnes très vulnérables et malheureusement, elles ont plus de risques de mourir”, rappelle Laurence Delmar-Pernot, présidente du Réseau gérontologique inter-établissements et services regroupant 90% des Ehpad du Val-d’Oise. Son homologue de l’Ehpad Solemnes à Eragny, Louis Nouvel, affirme même que “le pic de l’épidémie est devant nous”. 

 

Des dysfonctionnements liés au dépistage

Aucune statistique officielle n’existe à ce jour dans le Val-d’Oise ne permettant pas de savoir dans quelle mesure les 86 Ehpads du département sont impactés. Plusieurs cas de contamination ont néanmoins été recensés. Louis Nouvel a vu un foyer de contamination se former dans son établissement avec cinq cas positifs, dont deux soignants, et neuf autres suspects. Louis Nouvel avait pourtant mis en place un confinement progressif dès le 06 mars. “Ça n’a pas été simple, car nous accueillons uniquement des patients atteints de démence prononcée ou d’alzheimer et notre politique a toujours été de les laisser déambuler”, explique-t-il. 

 

Confinés dans leurs chambres, les résidents d’Ehpad maintiennent le contact avec leurs proches à distance.

Désemparé face à la situation, il reproche deux choses aux autorités. D’une part, le manque de matériel pour la cinquantaine de soignants sur place. “On nous envoie des masques chirurgicaux mais ce sont des FFP2 dont on a besoin”, alarme-t-il alors que deux de ses salariés, mis en arrêt depuis, ont été testés positif au Coronavirus. Il dénonce d’autre part des dysfonctionnements dans la politique de dépistage des patients. “Aujourd’hui, on teste les personnes à l’hôpital mais pas à l’entrée des Ehpad… Une de mes patientes est revenue de l’hôpital. Par prévention, je l’ai mise en confinement et j’ai demandé à ce qu’on la teste. On m’a dit que ce n’était pas possible. Au bout de dix jours, elle faisait une décompensation cardio-ventilatoire et était testée dès son entrée à l’hôpital. Il s’est avéré qu’elle était positive au Covid-19. Qu’est-ce que je suis censé faire ?”, s’emporte-t-il. 

 

Déjà victime d’un AVC auparavant, Louis Nouvel fait partie des personnes à risque. Bien qu’il soit inquiet, l’ancien cadre de santé essaie de positiver comme il peut : “Nous n’avons aucun décès à l’heure actuelle, même si ça peut aller vite puisque nous ne sommes pas encore au pic de l’épidémie. Notre médecin coordonnateur travaille dans certains établissements, où on compte déjà dix morts”. 

 

Quelques kilomètres plus loin, Laurence Delmar-Pernot ne déplore aucun décès chez les 85 pensionnaires de son Ehpad à Saint-Ouen l’Aumône. Deux résidents ont tout de même été testés positifs. “Heureusement, nous avons une clinique avec une unité dédiée Covid-19, juste à côté donc ils ont pu être pris en charge rapidement”, se réjouit-elle. La directrice a pourtant pris toutes les précautions pour éviter cela : interdiction des visites quinze jours avant les directives de l’État, confinement dans les chambres, respect des mesures barrière…. “Nous avons même testé nos personnels soignants en cas de suspicion, ajoute-t-elle, mais personne n’est invincible”.