Alors que le pic de patients atteints par le Covid-19 est attendu en fin de semaine, les hôpitaux du Val-d’Oise s’organisent pour faire face à cette crise sanitaire. Dans le département, plus de 350 lits sont dédiés aux patients atteints du Covid-19.

« Nous sommes à 120 lits d’accueils, dont une vingtaine de lits de réanimation et une douzaine de lits de soins intensifs », explique Yann Le Baron, représentant UNSA au sein du centre hospitalier René Dubos de Pontoise.

 

Dans un premier temps, les patients du département atteints du Covid-19 ont été transférés dans les hôpitaux parisiens de la Pitié Salpêtrière, Necker et Bichat, dits de “1re ligne”. Mais avec la progression de la pandémie, et la saturation des établissements de “ligne 1”, le centre hospitalier René Dubos a été amené, lui aussi, à prendre en charge des malades au travers le déclenchement des établissements dits de “2e ligne”.

 

Plus d’une centaine de lits libérés pour le Covid à René Dubos

Pour cela, la direction de l’établissement explique que « le centre hospitalier de Pontoise a déprogrammé ses activités de médecine et de chirurgie non urgentes », pour allouer plus d’une centaine de lits à ces patients. Et le centre hospitalier d’ajouter avoir la « possibilité d’étendre la capacité d’accueil si besoin », notamment dans son service de réanimation, dont les places sont fortement sollicitées, car les cas les plus graves de Covid-19 causent des insuffisances respiratoires aiguës.

 

Quant aux pénuries d’équipements masques et solutions hydroalcooliques connues au niveau national, direction comme représentants syndicaux s’accordent à dire que l’hôpital de Pontoise est bien équipé. « Les stocks diminuent, mais les tutelles nous ont confirmé que des livraisons allaient être effectuées pour éviter toute rupture », fait savoir la direction. Cette dernière a tout de même lancé un appel aux dons pour collecter des masques, gants, surblouses et gels hydroalcooliques sur les réseaux sociaux.

 

« L’activité double tous les 3 jours »

« Les journées sont intenses pour le personnel », explique un personnel médical passé par le service Covid de l’hôpital. « Il y a plusieurs équipes dédiées, elles n’ont pas eu le choix et puis il y a du personnel qui vient des autres services sur la base du volontariat ». Pour le moment pas de réquisitions, « maisje pense que par la force des choses on y viendra, parce que les équipes ne vont pas tenir ce rythme », estime cette même source.

 

« Pour l’instant la préparation et la mobilisation de tous les personnels ont permis que les choses se passent bien. Mais là on sait que ça va grimper très fort, l’activité double tous les trois jours », estime Yann Le Baron. Et le représentant UNSA de s’interroger : « la véritable problématique c’est est-ce qu’on va pouvoir tenir 4 voire 5 semaines à ce rythme-là, ce n’est pas dit … ».

 

À Gonesse, le personnel s’estime mal préparé

La situation semble différente dans d’autres établissements, comme celui de Gonesse, dans l’est du département. Classé en ligne 3, l’établissement a été parmi les derniers sollicités pour répondre à la pandémie. Une soixantaine de lits hors réanimation y sont réservés aux patients atteints du Covid-19.

 

« On est confrontés à un nombre de patients plus important que la norme, et on ne se sent pas forcément préparés niveau équipe et matériel », explique un personnel soignant de l’hôpital. Avant d’ajouter : « on essaie de se tenir aux recommandations d’hygiène mais à un moment donné ça va plus être possible ! ».

 

« Au départ, on approchait les malades avec des masques FFP2 et là maintenant, on nous dit de les approcher avec des masques chirurgicaux FFP1, parce qu’on en a pratiquement plus, de même pour le gel hydroalcoolique », explique de son côté Mohamed Farid, représentant CGT au sein de l’hôpital. Ce dernier impute cette situation au classement en “ligne 3” de l’établissement. « Il y a une livraison qui doit arriver bientôt, mais elle va en priorité aux hôpitaux de 1e et 2e ligne, alors qu’ils en ont encore car ils ne sont pas débordés », estime le représentant syndical.

 

“Il faut redispatcher les malades”, réclame la CGT

« Il y a une incohérence dans la prise en charge des patients Covid-19 sur le Val-d’Oise, […] Il faut redispatcher les malades de façon cohérente et raisonnée. Parce qu’il y des lits vides dans d’autres établissements comme Pontoise », estime Mohamed Farid représentant CGT au sein du centre hospitalier de Gonesse, qui dit craindre que la charge de travail ne cause une fatigue du personnel, favorisant l’apparition de cas chez les soignants.

 

De son côté, la direction de l’établissement se veut rassurante et explique « travaille[r]à la mise en place d’une cellule d’appui psychologique » pour ces équipes. Quant à ses capacités à accueillir les malades, elle annonce pouvoir accroître ses capacités, avec à partir de cette semaine un total de 125 lits d’hospitalisation dédiés exclusivement à des patients Covid-19.

 

90 lits à Argenteuil et 70 lits à Eaubonne

« Nous recevons des cas de Covid-19 depuis une dizaine de jours », explique-t-on du côté de l’hôpital Simone Veil d’Eaubonne. « 70 lits pour la prise en charge des patients suspects ou confirmés », ont été prévus explique la direction, et « 15 lits réservés aux patients Covid » en réanimation pour les cas les plus graves. « Vingt lits supplémentaires seront prochainement mis en place », fait également savoir l’hôpital Simone Veil.

 

À Victor Dupouy d’Argenteuil, la direction explique avoir mobilisé 90 lits, là aussi en déprogrammant des interventions non urgentes. 20 lits y sont également mobilisés en soins intensifs et réanimation, avec une « extension à 30 lits possibles » selon la direction. « À ma connaissance, un plan blanc dans la durée comme ça, on n’a jamais eu ça à Argenteuil […]mais pour l’instant l’hôpital n’est pas encore débordé. Ça va se jouer sur la durée », conclut un salarié de Victor Dupouy.