Annoncé par le gouvernement le mois dernier, le label « Cités éducatives » vise à lutter contre les inégalités et améliorer la réussite scolaire dans les quartiers dits « sensibles ». Villiers-le-Bel, Sarcelles et Garges-lès-Gonesse pourraient le décrocher sous certaines conditions.

C’est une annonce faite par Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement le 2 mai dernier sur Twitter. À côté d’un bref paragraphe explicatif, ce dernier a également dévoilé la liste des territoires éligibles, en métropole et en outre mer.

 

 

Lors de sa conférence de presse du 25 avril et faisant suite au grand débat national, Emmanuel Macron avait alors déclaré que « les vraies inégalités ne sont pas fiscales. [Ce sont les] inégalités d’origine, les inégalités de naissance, les inégalités de destin ». Les « Cités éducatives » veulent s’inscrire dans cette lignée, fait savoir l’Education nationale sur son site Internet.

 

Né d’une expérimentation dans la ville de Grigny (Essonne), ce projet va maintenant s’étendre sur l’ensemble du pays. L’alliance des différents acteurs éducatifs est au cœur du programme, dans le but d’atteindre ces objectifs de réduction des inégalités de naissance. « [Et cela, ndlr] dans les territoires qui en auront le plus besoin et où seront concentrés les moyens publics », précise le ministère de l’Éducation nationale. L’autre axe central, c’est l’accompagnement des enfants (de 3 à 25 ans) dans le cadre scolaire, mais aussi périscolaire. « C’est cela la réussite républicaine », a déclaré le ministre.

 

Un budget de 100 millions d’euros sur trois ans

Au total, ce sont 80 territoires qui sont éligibles à ce nouveau dispositif. Parmi eux, trois villes du Val-d’Oise : Villiers-le-Bel, Sarcelles et Garges-lès-Gonesse. Mais pour passer à l’étape suivante et obtenir ce label, ces dernières ont jusqu’au 30 juin pour proposer de nombreuses mesures à mettre en place rapidement, sans quoi elles ne bénéficieront pas des financements supplémentaires. Ce sont à elles de dire comment elles envisagent leurs « Cités éducatives ». Aussi, toute la ville ne sera pas concernée. Seulement les quartiers de la politique de la ville, à partir de septembre 2019.

 

Les municipalités concernées sont partagées

A Sarcelles, la nouvelle de la décision est très bien accueillie. « Nous sommes très contents d’être retenus, s’enthousiasme Patrick Haddad, maire (PS) de la ville. Nous avons à cœur la scolarisation précoce et le suivi individuel des enfants jusqu’à l’insertion professionnelle. » Pour les mesures à mettre en place prochainement, la mairie a pensé à un guichet unique. Le principe est simple : un bureau dans la ville, où tout le monde pourra demander des renseignements ou exposer ses problèmes, et permettra ensuite d’être redirigé vers les autorités compétentes. « Une plateforme de service qui couvre l’ensemble des besoins depuis un point unique », précise Patrick Haddad.

 

Du côté de Villiers-le-Bel, l’annonce est reçue avec plus de retenue. « A ce stade, je n’en sais pas assez, explique le maire (DVG) Jean-Louis Marsac. Il faut déjà renforcer ce qui existe ». Autre point de crispation : le collège Léon Blum. Cet établissement est en grande difficulté, avec un taux de réussite au brevet des collèges de 53%, alors que la moyenne départementale est de 89%. Or, il ne fait pas partie des trois quartiers retenus par le projet « Cités éducatives » pour la ville de Villiers-le-Bel, et ne pourrait donc pas bénéficier des financements supplémentaires prévus par celui-ci. « Ce n’est pas une recette miracle, conclut le maire. Mais plutôt un coup d’accélérateur à ce qui existe déjà. »