Le commissaire enquêteur a rendu deux avis défavorables qui compliquent fortement la réalisation de ce projet de complexe de commerces et de loisirs à Argenteuil. Les opposants, eux, sont ravis.

Et si le commissaire enquêteur avait sonné le glas de Cap Héloïse ? Une chose est sûre, en rendant deux avis défavorables à ce projet privé, celui-ci ne pourra voir le jour en l’état. Tout au mieux, son avancée se retrouve nettement ralentie car aucun permis de construire ne peut dès lors être déposé. Cette décision intervient en réponse aux deux enquêtes publiques lancées en mars dernier, concernant les lois sur l’eau et le permis de construire.

 

« Je suis convaincu qu’il n’est ni raisonnable ni responsable d’autoriser un tel projet avec de l’habitat permanent sur cette zone inondable », motive le commissaire enquêteur dans son rapport au titre de la loi sur l’eau. Concernant la loi sur le permis de construire, il est plus mesuré. Le commissaire enquêteur estime « fondé » le besoin de disposer d’une nouvelle salle de spectacles et d’une offre cinématographique diversifiée à Argenteuil. Il juge « discutable mais recevable » la mise en place d’une nouvelle zone commerciale en centre-ville en soulignant également que « le besoin de construire de nouveaux logements ne peut être contesté ».

 

Le commissaire enquêteur précise néanmoins que « la juxtaposition de ces quatre fonctionnalités en un seul lieu n’est pas avérée ». Et d’ajouter : « l’environnement paysager des bords de Seine n’est pas suffisamment préservé. […] La justification du projet sur le site Héloïse est insuffisante et son implantation en l’état est à déconseiller en raison de son impact assez fortement négatif sur l’environnement existant. […] La présence de risques pour la population habitant ou travaillant dans le secteur n’est pas négligeable, même si elle reste faible ». Enfin, le commissaire enquêteur recommande une « plus ample concertation » entre les instigateurs du projet Héloïse et la population, contestatrice.

 

Porté par Fiminco, le projet Héloïse comprend un cinéma, une salle de spectacle, une zone commerciale, des restaurants et des logements. © Fiminco

Porté par Fiminco, le projet Héloïse comprend un cinéma, une salle de spectacle, une zone commerciale, des restaurants et des logements.
© Fiminco

Victoire pour le collectif Jean-Vilar

Pour rappel, le projet Héloïse a été lancé en 2016 par le groupe Fiminco. Il est question de créer sur près de 40 000 m2 un complexe comprenant neuf salles de cinéma, une salle de spectacle modulable de 1400 places assises, une zone commerciale s’étendant sur 15 000 m2, de nombreux restaurants, un parking de 800 places ainsi que 140 logements. Initialement prévu pour l’année 2019 et repoussé, depuis, à maintes reprises, Cap Héloïse ne dispose aujourd’hui d’aucune date de livraison.

 

Projet phare du mandat de Georges Mothron, maire (LR) d’Argenteuil depuis 2014, Cap Héloïse a pour but, selon la municipalité, de renforcer l’attractivité de la ville tout en la reliant aux berges de Seine. Pour l’heure, la mairie n’a pas souhaité réagir, préférant convoquer la presse ce mardi matin pour une conférence de presse.

 

Sans surprise, cette nouvelle ravit les opposants au projet, en particulier les membres du collectif Jean-Vilar, qui refusent que leur salle des fêtes éponyme disparaisse. Car, si Cap Héloïse était amené à voir le jour, l’enceinte serait effectivement détruite pour laisser place au complexe. Co-fondateur du collectif, Dominique Mariette se dit « immensément satisfait » de cette décision. « Le rapport du commissaire enquêteur corrobore toutes les inquiétudes que nous avons mis en évidence depuis de nombreux mois. Nous espérons que la municipalité tiendra compte de cette issue, en tirera des conclusions et abandonnera le projet. Nous suivrons de près l’évolution de cette affaire ».