Le préfet du Val-d’Oise, Jean Yves Latournerie, va prendre un arrêté de Déclaration d’Utilité Publique (DUP) concernant le projet d’aménagement du Triangle de Gonesse, sur lequel doit notamment voir le jour EuropaCity à l’horizon 2027. Les opposants annoncent d’ores et déjà leur intention de déposer un recours.

Le projet d’aménagement du Triangle de Gonesse est sur le point de franchir une nouvelle étape administrative. Jean-Yves Latournerie, préfet du Val-d’Oise va prendre un arrêté de Déclaration d’Utilité Publique (DUP) concernant l’opération. « Ce n’est qu’une question de jours tout au plus », assure-t-on au cabinet. Condition préalable, cette procédure va permettre de réaliser les expropriations en vue du futur aménagement.

 

Le projet controversé EuropaCity est censé voir le jour en 2027, au lieu de 2024, suite au report de la ligne 17 du Grand Paris Express qui doit desservir le Triangle de Gonesse.

Le projet controversé EuropaCity est censé voir le jour en 2027, au lieu de 2024, suite au report de la ligne 17 du Grand Paris Express qui doit desservir le Triangle de Gonesse.

Ce vaste projet d’urbanisation, porté par l’aménageur Grand Paris Aménagement, prévoit notamment de faire émerger d’ici 2030, sur 280 hectares de terres agricoles situées entre les aéroports du Bourget et de Roissy Charles de Gaulle, un quartier d’affaires international, EuropaCity, immense complexe de commerces et de loisirs, ainsi qu’une gare de la futur ligne 17 du Grand Paris Express. Ce dernier équipement pharaonique de 80 hectares estimé à 3,1 milliards d’euros, lui, est porté par Ceetrus (ex-Immochan) et le conglomérat géant chinois Wanda.

 

Cette décision fait suite à l’enquête d’utilité publique tenue entre le 8 janvier et le 21 février dernier, suivie de l’avis favorable, remis en juillet par le commissaire enquêteur. Ce dernier évoquait une opération « globalement cohérente avec les objectifs annoncés » présentant « des avantages […] nettement plus importants pour la collectivité et les populations que les inconvénients qui en résultent ». Dans son rapport, le commissaire enquêteur avait émis tout de même quelques réserves et recommandations en premier lieu desquelles la réalisation « presque inéluctable » de la ligne 17 du métro automatique du Grand Paris Express chargée de desservir la zone du projet.

 

Une décision “incohérente”

L’urbanisation du Triangle de Gonesse est décrié par plusieurs associations environnementales qui dénoncent le bétonnage des terres agricoles au profit notamment d’un énième centre commercial. Bernard Loup, l’une des figures de l’opposition d’EuropaCity, affirme ne pas être « surpris par cette décision » qu’il juge « incohérente ». « Le préfet signe une DUP sur une ZAC qui n’existe pas juridiquement », s’étonne le président du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG) qui porte notamment un projet alternatif baptisé Carma.

 

En effet, cette décision intervient alors même que le 6 mars dernier, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise avait donné raison à ses opposants en annulant l’arrêté du préfet du Val-d’Oise autorisant la création de la ZAC dite du « Triangle de Gonesse ». Le tribunal avait considéré que « l’étude d’impact mise à disposition du public dans le cadre de l’enquête publique était insuffisante sur plusieurs points ». Un jugement contre lequel l’Etat a fait appel, toujours en attente d’être rejugé.

Alain Boulanger, l’un des porte-paroles d’un autre collectif « Europas Du Tout », s’étonne même que cette « décision soit prise par le préfet du Val-d’Oise et non par le préfet de région au minimum voir plus haut [par exemple du Conseil d’Etat sous la forme d’un décret, ndlr]au regard de l’impact du projet ». Le collectif « Europas Du Tout » qui fédère près de 600 commerçants et 20 associations et appelle à l’arrêt total d’EuropaCity reste néanmoins favorable à une urbanisation mesurée et réfléchie du site, contrairement au CPTG.

 

Des recours en perspectives

Cette décision intervient également après les déclarations de l’ancien ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, qui en juillet dernier avait qualifié EuropaCity de « folie des grandeurs », puis celle de Benjamin Griveau, porte parole du gouvernement, exprimant en octobre dernier ses réserves à « titre personnel » sur le même projet.

 

Tout comme le recours sur la création de la ZAC puis plus récemment celui contre le permis de construire de la gare de la ligne 17, les opposants à l’aménagement du Triangle de Gonesse tel qu’il est prévu, annoncent d’ors et déjà leur intention de déposer un recours comme la loi les y autorise. Ils ont deux mois pour le faire à compter de la publication de l’arrêté préfectoral.

 

Benoit Chang, le directeur général d’EuropaCity n’a pas tardé à réagir à cette décision :

« L’arrêté de Déclaration d’utilité publique pris par le Préfet du Val-d’Oise traduit la volonté forte de l’État de développer ce territoire. L’aménagement de ce nouveau quartier autour de la seule gare du Val-d’Oise du Grand Paris Express est une chance pour l’ensemble du Nord-Est francilien et ses habitants. Nous sommes fiers de nous y inscrire, aux côtés de Grand Paris Aménagement. Le projet EuropaCity se poursuit et 2019 sera une année importante vers sa concrétisation avec le dépôt de notre permis de construire en fin d’année. »

 

Marie-Christine Cavecchi, 2ème Vice-Présidente déléguée à l’Education et à l’Enseignement Supérieur.

Marie-Christine Cavecchi, présidente LR du Conseil départemental du Val-d’Oise.

La présidente du Conseil départemental du Val-d’Oise, Marie-Christine Cavecchi n’a pas attendue la publication de l’arrêté pour réagir :

« Je me réjouis qu’EuropaCity, projet unique au monde soutenu par le Département du Val d’Oise, soit déclaré d’intérêt public par Monsieur le Préfet. Cet équipement se précise avec des perspectives encourageantes pour l’est du département. Il apportera pour le futur de notre territoire, croissance, attractivité, et des milliers d’emplois. Depuis ses premières esquisses il y a quelques années, le projet a su évoluer et s’adapter en concertation avec tous les acteurs du territoire. Cette nouvelle étape est aussi l’occasion de réaffirmer à l’Etat l’importance pour tous les Valdoisiens de la construction de la ligne 17 du métro du Grand Paris et de la gare du Triangle de Gonesse dans les délais annoncés (2027), déjà trop longtemps repoussée. »