Les manifestations lycéennes, entamées vendredi dernier en marge du mouvement des « gilets jaunes », ont gagné du terrain et en intensité ce mardi. Seize établissements ont été impactés selon la préfecture du Val-d’Oise, contre une douzaine la veille, avec des nouveaux heurts entre les jeunes et les forces de l’ordre par endroits. 138 jeunes ont été interpellés et 17 lycéens et quatre policiers ont été blessés.

Les lycéens val-d’oisiens ont une nouvelle fois manifesté ce mardi contre la réforme du lycée ou la plateforme Parcoursup. Au total, des rassemblements ont eu lieu aux abords de seize établissements au cours desquels des violences ont éclaté à certains endroits, à l’exemple du lycée Gustave Monod à Enghien-les-Bains. Le mouvement de protestation a commencé tardivement aux alentours de midi et a viré à l’affrontement avec les forces de l’ordre entraînant pas moins de 96 interpellations sur les 138 comptabilisées en fin de journée. Lundi, ce sont près de 32 jeunes qui avaient été interpellés. Selon la préfecture du Val-d’Oise qui a activé la cellule de crise ce jour, les débordements ont même « à un moment donné gagné l’intérieur de l’établissement », avant que la situation ne redevienne normale aux environs de 14h.

 

Des échauffourées également à Villiers-le-Bel et Taverny

La situation a également dégénéré à Villiers-le-Bel tôt ce mardi matin, aux environs du lycée professionnel Pierre-Mendès-France. « Un groupe de jeunes [une soixantaine, ndlr]a essayé de faire une barricade avec une voiture. Ils ont brisé le pare-brise et toutes les vitres. Ils ont aussi mis le feu à des poubelles. S’en est suivi 1h30 d’affrontements avec les forces de l’ordre [qui ont répliqué à coups de gaz lacrymogène, ndlr]puis ils sont partis sur Sarcelles où certains d’entre eux se sont faits arrêtés », raconte le maire de la ville, Jean-Louis Marsac. Un véhicule de pompiers a également été caillassé.

 

Après de violents incidents survenus lundi, la situation s’est aussi une nouvelle fois tendue à Taverny, autour des deux lycées de la commune (Louis Jouvet et Jacques Prévert). « Quand je suis arrivée vers 8h30, il n’y a avait rien, juste un regroupement de jeunes. Je suis allée en cours et nous avons entendu une explosion. Ils ont mis le feu à deux bennes pleines de verre. Les pompiers, les CRS et la police sont ensuite arrivés », raconte une lycéenne en terminale S à Jacques Prévert.

 

22 interventions de pompiers

Cantonné lundi à la zone police, mobilisant près de 200 policiers et 20 gendarmes en renfort, le mouvement a gagné mardi la zone gendarmerie avec des mobilisations recensées pour la première fois à l’est du Val-d’Oise, à Fosses (Lycée Charles Baudelaire) et à Saint-Witz (Lycée Léonard de Vinci) puis dans le Vexin, à Chars (Lycée professionnel du Vexin). Si les services de la préfecture du Val-d’Oise ne communique pas sur le nombre de policiers et gendarmes val-d’oisiens mobilisés, ils précisent en revanche que ces derniers ont eu le renfort de 65 CRS.

 

Au total, les pompiers ont réalisé 22 interventions, le même nombre que la veille. Quatre véhicules ont été incendiés, deux à Fosses, un à Villiers-le-Bel et le dernier à Enghien-les-Bains. Cette nouvelle journée de mobilisation a fait 17 blessés légers parmi les jeunes, « essentiellement à cause de l’usage de gaz lacrymogène » selon la préfecture. Quatre policiers ont également été blessés légèrement. La journée de lundi avait fait un blessé parmi les lycéens, brûlé aux mains.

 

De son côté, l’inspection académique du Val-d’Oise qui a activé sa cellule de crise lundi, précise « qu’aucun cours n’a été suspendu aujourd’hui contrairement à lundi même si ces derniers ont dû être chamboulés à certains endroits ». La direction académique ajoute que des tentatives de blocages ont eu lieu dans quelques autres établissements mais ont échoué. Enfin, selon les services de l’Education nationale, le proviseur du lycée La Tourelle à Sarcelles a reçu au cours du soulèvement un produit inflammable. « On ne sait pas si c’était par inadvertance où s’il était visé ».

 

La mobilisation pourrait se poursuivre jusqu’à au moins vendredi 7 décembre.