Après plus d’un siècle d’épandage d’eaux usées dans la plaine de Pierrelaye/Méry-sur-Oise, la terre présente une teneur en plomb trois fois supérieure à la norme  et peut entraîner un risque pour la santé. Telle est la conclusion d’une étude commandée par l’Agence Régionale de Santé (ARS), qui émet donc des  recommandations.

Si la pollution sur la plaine de Pierrelaye/Méry-sur-Oise (qui englobe 11 communes) était connue, son ampleur demeurait encore inconnue. Ce n’est désormais plus le cas avec cette étude commandée par l’ARS et menée depuis 2009. Celle-ci révèle que la teneur en plomb dans les sols y est en moyenne de 156,6 mg/kg, soit presque trois fois plus que la valeur repère de la région (53,7 mg/kg). De quoi faire courir un risque « inacceptable » pour la santé, notamment chez les femmes enceintes ainsi que les enfants. Car l’ingestion ou l’inhalation de ce métal à haute dose peut causer des cas de saturnisme, une maladie grave qui peut perturber le développement psychomoteur et entraîner une déficience intellectuelle.

 

« Risque sanitaire inacceptable »

La cause de cette pollution est due à l’utilisation par le SIAAP (Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne) de cette plaine comme champ d’épandage d’eaux usées brutes entre 1890 et 1998 puis d’eaux partiellement traitées. Si en 1999, un arrêté préfectoral interdisant la mise sur le marché des cultures légumières et des plantes aromatiques issues des parcelles irriguées par épandage des eaux usées a été pris, certaines parcelles ont été aménagées au fil du temps. Avec cette étude, l’ARS s’intéresse donc au niveau de pollution de plusieurs jardins privés ainsi que des lieux dits « sensibles » comme une école (Pierre et Marie Curie), un collège (le Petit Bois) et le Parc des Sports.

 

Bien que l’étude conclut à une « absence de risque sanitaire inacceptable pour les adultes et les enfants » sur l’ensemble de ces lieux sensibles (école, collège et équipement sportif), elle alerte néanmoins sur une possible ingestion de sol par les enfants. Une hypothèse qui présente un « risque sanitaire inacceptable ». Le cas des jardins est quant à lui problématique sur une grande majorité de ceux étudiés (9 sur 11). L’intoxication au plomb y est possible par ingestion de terre, mais aussi par consommation de légumes.

 

« Renforcer la vigilance sanitaire« 

Si cette étude précise qu’« aucun signal sanitaire (cas de saturnisme) en population générale n’a été détecté sur la zone d’étude concernée, avec le système national de surveillance », celle-ci recommande de « renforcer la vigilance sanitaire et de rappeler les mesures de précaution à adopter par chacun ».

 

Les usagers et professionnels de santé du secteur doivent être mieux informés de la contamination et obtenir des recommandations pour limiter leur exposition. Dans ce sens, l’ARS préconise le respect des gestes d’hygiène « lavage fréquent, particulièrement avant les repas et après un contact avec les sols, ongles courts », ainsi que le nettoyage régulier « avec une serpillère humide, des sols intérieurs, des balcons et terrasses ainsi que le rebord des fenêtres ». 

Concernant la consommation de fruits et légumes, l’étude appelle à varier leur provenance, nettoyer et éplucher ceux cultivés dans les jardins, et « veiller à un bon équilibre alimentaire pour éviter les carences en fer et en calcium qui favorisent la fixation du plomb dans l’organisme ».

 

Toujours selon cette étude, des actions curatives doivent être menées sur les « sites présentant des risques sanitaires inacceptables ». Le recouvrement ou la substitution de sol sur 50 cm d’épaisseur, est l’une de ces préconisations. Elle serait nécessaire dans certains des jardins où les relevés ont été effectués pour cette étude.