Alors que les premiers résultats de Parcoursup ont laissé, le 22 mai, plus de la moitié des élèves du lycée René Cassin sans proposition d’affectation, ces derniers ont entamé ce vendredi le blocage de l’établissement situé à Gonesse.

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« Parcoursup, on n’est pas tes cobayes, notre avenir c’est notre bataille » ; « Parcoursup, une innovation pour abattre notre génération », pouvait-on lire sur les affiches brandies par certains lycéens, massés devant leur établissement de Gonesse.

La colère gronde chez les futurs bacheliers. Ils seraient plusieurs centaines à avoir bloqué vendredi les portes du lycée général et technologique René Cassin de Gonesse, pour protester contre la nouvelle plateforme Parcoursup. « Nous manifestons contre le fait qu’on soit plus de 300 000 élèves de Terminal en attente dans toute la France ! » s’indigne Killian, un élève en Terminal ST2S. Ce dernier fait partie des 301 élèves sur les 447 inscrits dans son lycée, à figurer sur listes d’attente, selon les chiffres apportés par le proviseur.

 

Certains élèves dénoncent le manque de transparence sur les critères de sélection des universités. Ils sont également convaincus d’être victimes de discrimination par rapport à d’autres lycéens provenant de milieux plus favorisés. « On pense que l’égalité des chances n’est pas respectée. Quelques-uns de mes camarades ont des dossiers excellents et n’ont pas été acceptés dans des universités prestigieuses, notamment à Paris, alors que les élèves des lycées bourgeois, quant à eux, l’ont été. On manifeste car ce n’est pas juste », dénonce Sarah, une élève en Terminal ES, qui s’est vue refuser plusieurs vœux et apparaître, elle aussi, sur liste d’attente.

 

L’inquiétude est également partagée par le corps enseignant. « La majorité d’entre nous soutient les élèves. Nous comprenons que les élèves aient cette impression d’injustice. Parce qu’ils étudient dans un lycée de banlieue et parce qu’ils proviennent de milieux fragiles, les universités pourraient avoir tendance à choisir des élèves de quartiers aisés », regrette le professeur, Marc Oudot.

 

Choc démographique

Alors que l’enseignement supérieur devra faire face, à la rentrée prochaine, au choc démographique des années 2000, certains élèves objectent le manque d’anticipation des académies. « Cela fait dix-huit ans que le ‘babyboom’ est prévu. En dix-huit ans, il n’y a pas eu de places supplémentaires ! », s’insurge Killian tout en soulignant l’inquiétude de ses camarades face aux places limitées des universités.

 

L’académie de Versailles, dont dépend le lycée René Cassin, assure pourtant que des places supplémentaires pour la rentrée 2018 sont prévues. Selon l’académie, au niveau national, 19 000 places supplémentaires sont déjà financées dans les filières les plus demandées par les étudiants (sport, droit, psychologie, médecine). Cela représenterait environ 1500 places en plus dans l’académie.

 

« Plusieurs centaines de milliers places vont être libérées », Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur

Face aux critiques, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, insiste sur le fait que tous les élèves présents sur les listes d’attente se verront proposer une formation. « On est dans un processus qui n’a rien à voir avec ce qui a été fait les années précédentes [ndlr : avec le système APB]. Les lycéens qui [ont]des propositions, en accepteront certaines, en refuseront d’autres, libérant ainsi des places aux autres. On s’attend donc dans les prochaines semaines, d’une manière dynamique, [à avoir] plusieurs centaines de milliers de places libérées », a-t-elle confié le 22 mai, au micro de France Inter.

 

De même, concernant les élèves n’ayant reçu que des réponses négatives, elle explique que ces derniers pourront faire appel à des commissions rectorales afin de les accompagner et leur proposer des solutions en adéquation avec les préférences qu’ils ont exprimées sur la plateforme Parcoursup. Selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, ils sont plus de 4000 à avoir saisi le recteur.

 

Dans un souci de transparence, la ministre a souhaité rendre public l’intégralité de la procédure Parcoursup. Ainsi, selon le tableau de bord mis à disposition sur le site internet du ministère de l’Enseignement supérieur et dont les chiffres sont mis à jour quotidiennement, sur les 812 058 élèves ayant formulés des vœux, 473 507 ont, à l’heure actuelle, obtenu au moins une proposition d’admission. Depuis le premier jour de la publication des résultats, le 23 mai, les candidats en attente d’une proposition sont passés de 344 619 à 304 135, preuve que des places se libèrent de jour en jour. Également, le nombre d’élèves qui se sont vus refuser tous leurs vœux est passé de 27 809, mercredi, à 25 606, ce vendredi 25 mai.

 

Entrée en fonction en janvier dernier, la plateforme Parcoursup assure les inscriptions dans les établissements de l’enseignement supérieur en lieu et place de l’ancien dispositif Admission Post-Bac (APB). Pensée par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ce dispositif est prévu par la controversée loi ORE. Celle-ci ambitionne de réduire le taux d’échec en première année à l’université et vise à supprimer la pratique du tirage au sort qui était en vigueur dans les filières universitaires les plus demandées.