Le Président de la République a présenté à l’Elysée mardi 22 mai, des initiatives en faveur des quartiers prioritaires. Inspirées légèrement de l’ambitieux rapport de Jean-Louis Borloo, remis en avril dernier, ces mesures inquiètent certains maires du Val d’Oise.

« Je ne vais pas vous annoncer un plan banlieues, cette stratégie est aussi âgée que moi », a déclaré Emmanuel Macron devant un parterre d’élus locaux, d’entrepreneurs et de responsables associatifs, invités au palais présidentiel. Moins d’un mois après la remise du rapport « Vivre ensemble, vivre en grand », en matière de politique de la ville, le chef de l’Etat a présenté une série de mesures, bien loin des dix-neuf programmes formulés par l’ancien ministre de la Ville, Jean-Louis Borloo.

Le chef de l’Etat appelle ainsi à « changer de méthode » et souhaite des mesures « ciblées », présentées comme plus « efficaces », qui ne s’inscrivent pas dans une stratégie de plans spécifiques. Parmi les mesures annoncées concernant la rénovation urbaine, deux d’entre elles s’inspirent du rapport remis au Premier ministre,  le 26 avril dernier.

 

Une « cour d’équité territoriale »

Emmanuel Macron a annoncé la création d’un « opérateur de rattrapage qui mobiliserait les financements publics et tous les acteurs privés et publics ». Cet opérateur agirait au sein de la future Agence nationale de cohésion des territoires dans le cas où les banlieues et les zones rurales manqueraient d’équipements publics. Cette agence, dont on ne connaît pas encore son fonctionnement existera en parallèle de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU). Le Président a fait part également le lancement, d’ici juillet, d’une dizaine d’opérations « Cœur de quartiers » censée « faire sortir en six mois » certains quartiers de leur situation dégradée, à l’image de ce qui a été fait à Toulouse.

 

Mesure phare du plan Borloo, Emmanuel Macron s’est dit ouvert à la mise en place d’une cour d’équité territoriale. La création d’une telle instance « de recours et de transparence pour les habitants comme les élus » permettrait de sanctionner l’inaction des administrations en matière de rénovation urbaine. Il invite également à un « débat d’évaluation sur l’équité territoriale » au Parlement.

 

Déception pour les maires

Les annonces du Président déçoivent de nombreux maires qui plaçaient beaucoup d’espoirs dans le plan de mobilisation pour les banlieues. Ce rapport, commandé par Emmanuel Macron, résulte d’un long travail de six mois avec les élus locaux de tout bord et les associations. « C’est bien ce que je craignais. Aucune mesure n’a été retenue, on nous a fait travailler des mois sur ce plan pour finalement rien », fustige le maire (PCF) de Sarcelles, Annie Péronnet qui demande de « vrais moyens » et ne croit pas à la participation des entreprises dans la lutte contre le chômage.

 

L’absence de nouveau plan concernant la rénovation urbaine inquiète les élus locaux qui craignent la remise en cause de la réalisation de certains projets en cours ou prévus. « Les mesures du président sont extrêmement limitées au regard du plan Borloo. Ma plus grosse déception concerne la rénovation urbaine car des projets de rénovation – comme pour le quartier Derrières-les-Murs de Monseigneur -, ne pourront certainement pas se faire si l’ANRU ne rajoute pas des moyens. Au delà de la déception, c’est une réelle inquiétude sur le plan financier », déplore Jean-Louis Marsac, maire (DVG) de Villiers-le-Bel.

 

L’absence d’un « énième plan Marshall » pour les banlieues s’explique par la volonté d’Emmanuel Macron d’en finir avec les solutions imposées par l’Etat. Au lieu de cela, il souhaite promouvoir celles imaginées par les acteurs de terrain afin de s’inscrire dans une « politique d’émancipation ». « Il y a eu des choses qui ont été faites. On est au bout de ce que ça a pu produire sur cette méthode. Aujourd’hui, poursuivre dans cette logique c’est vouloir poursuivre dans l’assignation à résidence, la politique spécialisée, une forme de politique de clientèle qui ne bougerait pas, qui serait allouée à certains quartiers et espaces. Il faut construire une action collective », a justifié le chef de l’Etat.

Enfin, il prévoit de faire un « point d’étape » tous les deux mois.