Lors du dernier conseil municipal, une partie de la majorité a voté contre le budget primitif. Les élus mécontents menacent de démissionner afin de pousser le maire LR, Jacques Féron, vers la sortie en provoquant la tenue d’élections partielles. Critiqué notamment pour son manque de communication, le maire, lui, pointe l’absence de certains de ses collaborateurs en mairie.

 

Avec quatorze voix contre, dont dix issues de la majorité, et neuf pour, le conseil municipal de Saint-Martin-du-Tertre du 12 avril dernier, s’est opposé au budget primitif pour l’année en cours. Il s’agit d’un revers inédit pour le maire de cette petite commune de 3000 habitants située dans le nord du Val d’Oise.

 

Le maire de Saint-Martin-du-Tertre, Jacques Féron (à droite) et le premier adjoint, François Vidard lors du conseil municipal du 12 avril 2018.

Le maire de Saint-Martin-du-Tertre, Jacques Féron (à droite) et le premier adjoint, François Vidard lors du conseil municipal du 12 avril 2018.

Au cœur de cette fronde, l’acquisition de la maison forestière accompagnée d’un projet de travaux pour transformer celle-ci en trois logements sociaux. Les coûts seraient plus élevés que les fonds dont dispose la commune selon le premier adjoint, François Vidard, lui même en désaccord avec l’édile.

 

Dès janvier, une partie de la majorité avait déjà exprimé son dissentiment, ne voyant pas l’intérêt de l’achat du bâtiment mis en vente par l’Office national des forêts. « Le but d’une mairie n’est pas de faire de l’investissement immobilier », déclare François Vidard.

 

Le projet d’acquisition du maire avait été approuvé de justesse lors du conseil municipal du 24 mars, grâce aux votes de l’opposition. Si celle-ci soutient la création de ces logements sociaux, elle aussi remet en cause son financement difficilement supportable pour la ville, malgré les subventions du département et de la région.

 

« Le [dernier] conseil municipal a stoppé pour un temps les dérives autoritaires et financières du maire », proclame l’élu d’opposition, Pier Carlo Businelli, pour qui les nombreux engagements de Jacques Féron ne sont pas « réalistes » financièrement. Parmi eux, la remise en activité de l’auberge de Carnelle où d’importants travaux onéreux sont à prévoir, la création d’une bibliothèque ou encore la construction d’une place devant la Mairie. Il rappelle que d’éventuels emprunts feraient ainsi exploser la dette déjà alourdie ces dernières années.

 

Un maire isolé

François Vidard pointe un manque de communication « flagrant » entre l’équipe du maire et ce dernier. « Le problème c’est que le maire ne nous parle pas des projets à venir. […] Il fait ses petits coups tout seul et au dernier moment, devant le fait accompli, il nous présente des devis déjà signés et nous dit : ‘on va faire ça’ », insiste le premier adjoint. Également adjoint au budget et aux finances, il affirme ne pas avoir vu le budget avant la commission des finances.

 

Ainsi, il brandit la menace de la démission d’une partie de la majorité. « Ca ne va pas durer longtemps parce que, s’il persiste en la matière, nous avons une solution radicale : on est huit ou dix à démissionner et là c’est tout le conseil qui tombe, y compris lui, s’emporte le premier adjoint. C’est une des solutions envisageables car il est hors de question qu’on persiste dans cette force de management voire de n’importe quoi. » La démission d’au moins un tiers du Conseil municipal provoquerait en effet la tenue d’élections municipales anticipées, les prochaines n’ayant lieu qu’en 2020.

 

« Je ne communique qu’avec ceux qui sont présents », Jacques Féron

De son côté, Jacques Féron défend son projet de transformation de la maison forestière : « Cela nous donne trois logements communaux supplémentaires. Les réparations des logements ne sont pas onéreuses. Dès l’instant où l’opération était blanche, équilibrée et que l’on n’avait pas besoin de sortir de la trésorerie, il fallait se lancer », rétorque le maire qui s’est basé sur une étude de faisabilité, réalisée gratuitement par un architecte.

 

Il rappelle également que c’est la Direction générale des finances publiques qui, en janvier dernier, lui a donné deux mois pour statuer sur l’achat ou non du bien, que l’Etat vend. « La seule chose qui me déplait est d’entamer notre capacité d’emprunt. Pour autant, si j’abandonne, Saint-Martin-du-Tertre perd la maîtrise financière du projet », ajoute-t-il, soulignant que cela laisserait la voie libre aux marchands de sommeil pour s’emparer de la maison.

 

Concernant les reproches qui lui sont faits de ne pas assez communiquer avec son équipe, Jacques Féron relève l’absence de ses collaborateurs, notamment celle de son premier adjoint, en raison de leur emploi respectif. « Je ne vois pas [François Vidard] en Mairie. Je ne cherche que ça de le voir. Ce n’est pas de ma faute s’il n’arrive pas à donner de son temps physique. Je ne communique qu’avec ceux qui sont présents. Pourtant, je ne leur reproche rien » confie-t-il. Le maire réfute également toute « dérive financière » et assure faire en sorte que les projets qu’il mène soient subventionnés. « Je vais toujours à la pêche aux subventions », insiste-t-il.

 

Au sujet de la menace de démission agitée par certains élus de sa majorité, l’édile, en colère, assure ressentir « une certaine amertume » voire une « haine ».