La commune de Saint-Prix produit son propre vin depuis 2009. Nommé « Coteaux de Saint-Prix », sa production prend de l’ampleur et sa commercialisation interviendra prochainement grâce à un changement de législation, annonce la ville.

« Ce vin est digeste, très agréable à la vue. Il offre des notes comparables à un pineau » analyse Fabien Vullion, chef sommelier du restaurant parisien Antoine. Ce professionnel de l’œnologie déguste plusieurs millésimes des « Coteaux de Saint-Prix », un vin rouge produit sur la commune valdoisienne depuis 2009, et s’enthousiasme. « C’est très surprenant comme résultat, au vu des moyens mis en œuvre. […] Il y a un vrai potentiel, d’ici dix ans ça peut être un très bon vin ».

 

Une équipe de passionnés

« Pendant plusieurs siècles, le paysage saint-prissien a été modelé par la culture de la vigne », explique Jean-Pierre Enjalbert, maire (DLF) de la ville. Mais avec le développement du chemin de fer et le phylloxera (insecte ravageur de la vigne), la production a fini par disparaître comme dans bien d’autres villes d’Île-de-France.

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Pieds de vignes des Coteaux de Saint-Prix, dans l’espace naturel sensible de la ville

Il faudra attendre 2006 pour qu’une production de vin y soit relancée, à l’initiative d’un élu, sur un terrain communal d’un hectare classé zone protégée. L’entretien des pieds et la vendange des ceps (pieds de vigne) sont assurés par l’association Clos Saint-Fiacre dans le respect de méthodes biologiques depuis 2009.

« On est une équipe de passionnés […] tous les samedis matin on entretient les pieds de novembre à septembre », explique Bruno Huguet, président de cette association qui compte une soixantaine de membres. Et ces dernières années, la production de ces quelque 4000 ceps a presque triplé atteignant les 1500 litres en 2017. Il a même « fallu acheter de nouvelles cuves, car les autres arrivaient à saturation », témoigne le président de l’association.

 

Vers une commercialisation

Jusqu’à présent, le fruit de ce travail était mis aux enchères par la ville de Saint-Prix lors de sa fête annuelle « Les Instants nature ». Elle annonce qu’elle va désormais pouvoir les commercialiser en raison d’un assouplissement de la réglementation au niveau européen. « On espère que des cavistes, des restaurants vont proposer ce produit local, bio » assure Jean-Pierre Enjalbert.

En attendant, ce vin sera vendu lors des événements festifs saint-prissien. Il faudra compter 25€ pour une bouteille du millésime 2009 (récompensé par un premier au concours des vins d’Île-de-France) et 14€  pour une bouteille des millésimes compris entre 2010 et 2015. « On n’a pas la prétention de dire que le prix colle à la qualité, mais il colle à la démarche ! », argue le maire.

 

Vins d’Île-de-France

En Île-de-France, Saint-Prix ne fait pas figure d’exception. D’autres villes comme Taverny, Argenteuil, Suresnes ou encore Paris (Montmartre, Bercy) produisent leurs propres vins, souvent dans une démarche patrimoniale. « L’Île-de- France a longtemps été la première région productrice de vins en France. On estime que 42 000 hectares de vignes y étaient présents jusqu’au 18e siècle », avance Henri Le Rouzic, président de l’UVVOS (Union Vigneronne Vals d’Oise et Seine).

Aujourd’hui tombés à une centaine d’hectares selon cette association, ces vignobles restent peu connus face aux vins des grandes régions viticoles. Mais cette situation pourrait évoluer grâce à un changement de législation.

Depuis 2016, l’Union Européenne offre « une possibilité de croissance du vignoble » d’environ 7 500 hectares par an ainsi que la plantation de « l’ensemble des types de vins (AOP, IGP et VSIG) et sur tout le territoire », explique le ministère français de l’agriculture sur son site InternetPeut-être l’opportunité de relancer les vins franciliens et améliorer leur qualité … « Une des actions que nous voulons mener, c’est produire des produits locaux de qualité, et parmi eux il y a le vin […]. Grâce à cela peut être que des métiers reviendront et des emplois seront créés, c’est utopiste mais j’y crois », conclut Jean-Pierre Enjalbert.