Ce jeudi, le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre des Transports Élisabeth Borne ont confirmé « le fonctionnement de la rocade du Grand Paris Express en 2030 », et redéfini son calendrier. La ligne 17, qui contient la seule gare valdoisienne du projet, sera reportée de trois ans, soit en 2027.

Ils se sont fait attendre… les arbitrages du Gouvernement concernant le Grand Paris Express sont tombés aujourd’hui. Edouard Philippe, en compagnie de la ministre des transports Elisabeth Borne, a annoncé ce jeudi les échéances du « chantier du siècle » et le retard de certaines lignes par rapport au projet initial. Parmi elles, la Ligne 17, qui devait rallier le Triangle de Gonesse d’ici 2024, est finalement prévue pour 2027. Le dernier tronçon jusqu’au Mesnil Amelot, son terminus, devrait lui s’achever en 2030, comme initialement prévu. Ce retard, jamais annoncé officiellement, était attendu depuis plusieurs mois. En octobre, plusieurs élus du Val d’Oise s’étaient réunis devant Matignon pour réclamer le respect du tracé et des délais de la Ligne 17.

 

Dans un communiqué commun, les élus franciliens dénoncent un « scandale d’État. » Pour eux, le calendrier annoncé par le Gouvernement ne « tient pas compte de l’avis exprimé par les départements et les collectivités de petite et de grande couronne. »

 

Pour Jean-Pierre Blazy, maire de Gonesse et fervent défenseur de la Ligne 17, qui contient la seule gare valdoisienne du métro du Grand Paris, le maintient de l’intégralité de la Ligne 17 est une victoire. En revanche, il demande des explications quant au report du projet : « on ne comprend pas ce renoncement de relier l’aéroport Roissy CDG pour les Jeux Olympiques alors que le tronçon nord était clairement inscrit dans son intégralité dans le dossier de candidature de Paris 2024« .

 

« Nous demandons des garanties », Europacity

 

Le report de la Ligne 17 va également avoir un impact sur le projet EuropaCity. L’immense complexe de commerces et de loisirs, qui devait voir le jour à l’horizon 2024 sur le Triangle de Gonesse, doit être desservi par la Ligne 17 du Grand Paris Express. « Nous sommes bien sûr satisfait d’avoir la confirmation que l’intégralité de la ligne va être réalisée mais nous espérions que le calendrier annoncé soit plus proche de celui initialement prévu », déclare David Lebon, directeur du projet. Celui-ci insiste notamment sur la réalisation de la station de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, qui va accuser un retard d’au moins six ans, et regrette que ce ne soit pas une priorité de l’État. Un arrêt pourtant central pour le groupe Auchan, porteur du projet, qui souhaite faire d’EuropaCity « une destination touristique ».  Ce projet, très contesté depuis son annonce, est susceptible de créer 12 000 emplois.

 

L’arbitrage rendu, le groupe Auchan demande maintenant des garanties à l’État. Après « l’épisode de Notre-Dame-des-Landes et les tergiversations de la ministre des transports », le promoteur affirme ne plus avoir confiance. « Cela fait trois mois que l’État nous parle d’une réalisation en 2026 et il finit par reporter une partie de la ligne d’un an supplémentaire ! », s’agace David Lebon. Nous avons besoin d‘un calendrier précis et nous voulons l’assurance qu’il ne changera plus ! Nous souhaitons également que l’État réitère son soutien à l’aménagement du Triangle de Gonesse et à notre projet EuropaCity. Soit l’État est capable de rassurer un investisseur prêt à investir 3 milliards d’euros, soit il n’est pas capable d’accueillir des investisseurs sur son territoire ».

 

De leur côté, les sénateurs du Val d’Oise, Arnaud Bazin et Jacqueline Eustache-Brinio, dénoncent également ce report par voie de communiqué de presse. « Il incombe désormais au Premier Ministre de faire toute la transparence nécessaire sur les raisons de ce report – techniques et/ou financières – et de répondre clairement aux élus et aux investisseurs. Il serait catastrophique que le projet EuropaCity se réalise ailleurs qu’en Europe à cause de l’impéritie de l’État », s’inquiètent-ils.