Il ne faut jurer de rien est une pièce vive, savoureuse, plaisante. Émouvante aussi, car sa rocambolesque intrigue n’interdit pas la profondeur : dans la frivolité du personnage il y a, semble-t-il, des traces de cynisme, comme si le scepticisme né au 18e siècle avait atteint le romantisme français, le 5 mai au Théâtre de l’Usine.

 © Dominique Chauvin

© Dominique Chauvin

 

Valentin, adolescent prolongé, joue le dandy insouciant et mène la grande vie aux dépens de son oncle Van Buck, son tuteur…

Ce jeune homme ressemble fort à Alfred de Musset lui-même ; à 18 ans, Musset courait les bals les plus aristocratiques, l’éclat des lumières, les dentelles, les bijoux, tout cela de la vie mondaine l’enivrait. Danser avec une vraie marquise parée de vrais diamants lui semblait le comble du bonheur.

 

Musset, dans La confession d’un enfant du siècle, ne nous l’indique-t-il pas très clairement ? « Emprisonné, dès l’adolescence, de tous les écrits du dernier siècle, j’y avais sucé de bonne heure le lait stérile de l’impiété. L’orgueil humain, ce dieu de l’égoïsme, prenait ma bouche à la prière, fermait ma bouche à la prière, tandis que mon âme effrayée se réfugiait dans l’espoir du néant. » Il y a probablement du Rousseau et du Voltaire derrière le propos. Or, la pièce fut créée le 22 janvier 1848 (au Théâtre français) en pleine révolution. Pendant la première représentation, on entendait au loin les vagues clameurs de l’insurrection.

 

Compagnie Hubert Jappelle
Mise en scène et scénographie : Hubert Jappelle
Avec Sandrine Baumajs, Rafael Batonnet, Adrien Bernard-Brunel, Cécile Dubois, Geoffroy Guerrier, Philippe Kieffer
Direction technique : Nicolas Jappelle
Costumes et accessoires : Nadia Léon
Construction : Adrien Alessandrini
Régie : Pierre-Émile Soulié