Inventant leur écriture entre réalisme du phénomène naturel et sa transformation par l’art, divers créateurs nous invitent à analyser leurs œuvres pour cerner les variations des représentations et des perceptions, les 12 et 13 janvier à l’université de Cergy-Pontoise.

12 et 13 janvier - colloque à l'université

Colloque international organisé par l’axe Francophonies du laboratoire Agora (EA 7392) de l’Université de Cergy-Pontoise sous la responsabilité de Sylvie Brodziak et Christiane Chaulet-Achour.

Après le séisme du 10 janvier 2010 en Haïti, au milieu des ruines et des abris, une abondante littérature a été produite. Écrits immédiats, ces témoignages, poèmes, romans, essais, manifestes ont relayé, complété ou contredit les images et les discours diffusés par les médias.  Née dans l’urgence, cette littérature a eu pour première ambition de faire savoir au monde ce qui s’était produit et comment les Haïtiens avaient vécu la catastrophe. Cette littérature a été aussi acte de survie et de résistance, témoignant de femmes et d’hommes debout.

Aujourd’hui, sept ans après, alors que sont survenus d’autres tornades, d’autres inondations, tremblements de terre, tsunamis, ces ouvrages ont perdu de leur actualité et appartiennent à la bibliothèque de la catastrophe naturelle qui, en ce début de siècle soumis au dérèglement climatique, a une fâcheuse tendance à s’enrichir.

Dans cette vaste bibliothèque, les œuvres francophones occupent une place de choix, de par la situation géographique de la plupart des pays dont elles sont issues. La Caraïbe, le Maghreb, L’Afrique subsaharienne, l’Asie, l’Océanie, d’autres îles ou terres ont été particulièrement meurtries ; des écrivains francophones d’Europe prennent aussi en charge ces récits. La liste des écrivains est longue. Citons sans exhaustivité et tout espace géographique confondu, Nathacha Appanah, Maïssa Bey, Aimé Césaire, Ina Césaire, Raphaël Confiant, Andrée Chedid, Abdelkader Djemaï, Suzanne Dracius, Frankétienne, Yanick Lahens, Linda Lê, Daniel Maximin, Ana Moï, Malika Mokeddem, Shenaz Patel, Évelyne Trouillot, Lyonel Trouillot ; mais aussi Laurent Gaudé, Jean-Ferdinand Ramuz, Saint John Perse, et d’autres encore. Ils ont mis au cœur de leur création ces drames naturels.

 

 

Pour les catastrophes plus récentes, comme celle d’Haïti, quel rôle joue internet ? Un lien s’établit-il entre médiatisation et création littéraire ? Peut-on saisir le moment où la fiction relaie le témoignage et les modalités artistiques de ce relais ?

Cette inscription de la catastrophe naturelle dans une écriture ne peut être simple description. Des fonctions lui sont attachées sur lesquelles les intervenants réfléchiront :

■ Peut-on parler d’une culture de la catastrophe naturelle ? Ya-t-il des formes narratives et un langage spécifiques ?

■ La littérature inscrit-elle dans le texte la catastrophe naturelle comme marqueur identitaire balisant l’Histoire et les mémoires ?

■ Dans un monde écologiquement menacé, l’écriture de la catastrophe forge-t-elle de nouvelles conceptions et représentations de la nature ?

■ L’impuissance et la vulnérabilité humaines face aux déchaînements naturels sont-elles vaincues par le pouvoir curateur de l’art, comme aime à le dire Kenzaburo Oê ?

■ Enfin, y a-t-il une utilité sociale à écrire le drame et ses souffrances ? Est-ce une littérature d’alerte et de prévention ? Une littérature d’hommage et d’accompagnement du deuil ? Une littérature révélatrice des crises et donc une littérature qui réinvestit les imaginaires pour remodeler une société ?

 

L’écrivaine haïtienne, Yanick Lahens, sera l’invitée d’honneur de ce colloque.

 

Comité scientifique :

Coordinatrices du colloque : Sylvie Brodziak et Christiane Chaulet Achour (Université de  Cergy-Pontoise)
Afifa Bererhi (Université d’Alger)
Mounira Chatti (Université de Bordeaux)
Papa Samba Diop (Université Paris Est)
Violaine Houdart Mérot (Université de Cergy-Pontoise)
Abdallah Mdarhri Alaoui (Université de Rabat)
Gyno Mikala (Université de Libreville)
Anthony Soron (Université Paris 3 – Sorbonne nouvelle)
Evelyne Trouillot (Port-au-Prince)