Fellag est de retour avec Bled Runner, son dernier one man show. L’humoriste algérien, riche de deux décennies de carrière, nous offre un condensé des thèmes marquants de ses précédents spectacles.

Fellag VOnews : Parlez-nous de Bled Runner. Vous avez souhaité reprendre des thèmes de vos anciens spectacles ?

Fellag : Vingt ans après Djurdjurassique Bled que j’ai écrit en 1995, je reprends des thèmes de tous mes spectacles, qui ont pris une signification encore plus importante aujourd’hui, avec l’évolution du monde, la mondialisation, les problèmes de migration ou encore le repli sur soi.

Vous parlez très librement du terrorisme dans vos spectacles, est-ce important pour vous de continuer à garder cette légèreté après les attentats de 2015 ?

Bien sûr ! Nous ne menons pas le même combat. Le nôtre est celui de la légèreté, du plaisir. Je ne suis pas dans un théâtre de combat, dans un théâtre de provocation. Disons que je suis dans un théâtre de la réparation mentale, retrouver le plaisir de vivre.

 

Vous abordez des sujets graves avec humour. Le rire est une arme ?

L’humour est un moyen extraordinaire de raconter des histoires, de dire des choses qui nous font mal, de parler de nos peurs et de nos angoisses. Le rire aide à dénouer des drames, à parler de choses que l’on pourrait difficilement supporter si elles avaient été traitées autrement. En même temps, il apporte de la poésie, du plaisir. Le rire détourne la réalité pour toucher chacun de nous. Nous sommes 700 ou 800 personnes assises côté à côte qui rient de la même chose, qui rient d’une histoire qui fait mal.

Vous qui avez dû quitter votre pays natal pour rejoindre la France, comment vivez-vous la crise des migrants ?

De façon globale, je suis terrifié par ce qui arrive dans les pays eux-mêmes, comme je l’ai été dans mon propre pays. Mon cœur saigne lorsque je vois des milliers de familles courir dans les bois ou dans les champs avec leurs enfants. Je suis de tout cœur avec ces mouvements qui ne sont pas naturels, mais je dirais surnaturels. Ce qui se passe en Syrie ou en Irak est cauchemardesque. Il est de notre devoir d’être solidaires avec les gens qui partent.

 

Déjà 20 ans de carrière, quel est le secret de votre longévité ?

Le travail, la ténacité, l’écriture, la recherche, s’intéresser à tout ce qui se passe, prendre des notes, jeter à la poubelle, recommencer. Se dire, « j’en ai déjà parlé, je dois aller plus loin », essayer d’avoir un style plus fort, plus concis. Il ne faut jamais lâcher le morceau.

 

FELLAG
BLED RUNNER
L’IMPREVU
23 rue du Général Leclerc à Saint-Ouen-l’Aumone

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