Fresque implacable de la dureté des temps, entêtante et hypnotique, où chacun semble courir après son ombre, dans un monde en perte de sens. Comme autant de brefs arrêts sur image, les éclats de vie ordinaire qui s’échappent de ce maelström n’en sont que plus saillants. Pour Maguy Marin, « il n’y a d’existence que déploiement… », au théâtre des Louvrais, à Pontoise, le vendredi 11 décembre, dans le cadre du festival d’automne à paris.

umwelt_02Assurément, « un des spectacles les plus forts de ces dix dernières années », écrivait Libération à la création d’Umwelt, en décembre 2004. Intense jusqu’à la saturation, la chorégraphie est ici bourrasque ininterrompue de figures en marche, qui apparaissent et disparaissent dans la coulisse d’un plateau nu strié de grandes lames métalliques et miroitantes.

La chorégraphie est ici bourrasque ininterrompue de figures en marche, qui apparaissent et disparaissent dans les coulisses d’un plateau nu strié de grandes lames métalliques et miroitantes que fait claquer le vent d’apocalypse qui souffle sur le plateau. Bribes de vies anonymes, les images fugaces des danseurs et des objets qui s’avancent face public dans un mouvement d’incessante répétition rappellent, comme autant de brefs arrêts sur images, le flux perpétuel d’un monde en perte de sens, dans lequel chacun semble courir après son ombre.

 

La presse en parle
« Ce que montre Umwelt importe au moins autant que ce qu’on y expérimente, soi, calé dans son fauteuil de spectateur, à l’abri, planqué. Et c’est peut-être ça qui choque, qu’il nous faille quitter le confort de notre regard distancié, de notre bonne volonté culturelle, toujours prête à ingurgiter du spectacle parce que nous sommes cultivés et que nous aimons ça. Alors, dans un vacarme assourdissant, comme si nous étions dans l’œil du cyclone, les danseurs répètent à peu près les mêmes mouvements, une heure durant, jusqu’à l’épuisement ; ils apparaissent et disparaissent au travers d’une série de panneaux miroirs disposés en fond de scène, multipliant les gestes du quotidien, abandonnant sur le devant du plateau objets, vêtements ou détritus. Banalité des conduites humaines, mise en abyme de notre propre condition… A l’évidence, l’art ne se réduit pas à la culture. Tel est le fond des choses. »

Daniel Conrod, Télérama, février 2008

umwelt_01« Avec Umwelt, c’est une Maguy Marin nouvelle qui renaît. Umwelt n’est pas de la danse, mais un fantastique jeu de miroirs et d’illusions, une réflexion sur le temps et la banalité du quotidien, sur la fiction et la réalité. Umwelt relève d’un domaine totalement insolite et original. Un cru exceptionnel.
A l’avant-scène un cordon se déroule lentement de cour à jardin, en frottant au passage les cordes de trois guitares électriques posées au sol. Cet accord unique amplifié constitue le seul support sonore, concrétisant le bruit du vent qui souffle en rafale au plateau.
Le décor, élément essentiel, est constitué de miroirs les uns derrière les autres, formant des portes ouvertes sur d’autres miroirs, d’où un effet constant de reflets et de mirages. Brefs passage des artistes, portant divers objets. Ce perpétuel défilé pourrait paraître fastidieux et systématique. Mais les accessoires sont si divers, d’un bouquet de fleurs à un quartier de bœuf, d’un sac-poubelle à un gros nounours, que l’inventaire complet prendrait des pages entières. L’effet de surprise est toujours renouvelé, l’expérience poussé jusqu’au-boutisme. Le regard se perd entre un personnage et son reflet à gauche, ou son double et son image à droite ! Ils surgissent par deux, trois ou quatre, parfois par couples qui s’étreignent ou s’affrontent. Ces mécaniques humaines accomplissent des gestes banaux – boire, manger, enfiler un pantalon – ou nagent en plein délice surréaliste pour échapper à la banalité du quotidien. L’agitation est fébrile… Dans cet univers d’illusions, seuls les reflets dansent… ! »

René Sirvin, Figaro, décembre 2006

 

rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation
en partenariat avec la radio RGB 99.2 FM

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