Le maire de Pierrelaye est inquiet. Pour Michel Vallade, le projet de forêt du Grand Paris sur la plaine de Pierrelaye est fortement compromis. L’élu communiste dénonce l’attitude des propriétaires terriens, qui cèdent leurs parcelles par donation pour éviter une préemption. Résultat : une occupation illégale de plus en plus importante d’un territoire, voué à devenir l’un des poumons verts francilien.

foret pierrelaye

Un terrain aménagé sur la plaine de Pierrelaye.

Après quelques centaines de mètres à travers les chemins de la plaine de Pierrelaye, la scène est sidérante. Entre deux terrains cultivés, une bande est parfaitement délimitée par des rangées d’arbustes. Des câbles et des gaines sortent de terre à plusieurs emplacements. Un trou béant de plusieurs mètres de profondeur a été creusé à un endroit. Au bout du terrain, une parcelle totalement aménagée : des oliviers ont été plantés, des piliers érigés pour accueillir un portail. Le sol a été rendu praticable à l’aide de gravillons. L’endroit présente toutes les caractéristiques d’un chantier ordinaire. Et pourtant, il est totalement illégal. « Cette zone ne fait pas partie du plan local d’urbanisme, explique Michel Vallade, le maire de Pierrelaye. Il est interdit d’y construire ou résider : ce sont des infractions au code de l’urbanisme. »

L’élu assiste impuissant à la multiplication de ces occupations illégales dans la plaine. Un territoire qui doit pourtant accueillir dans les prochaines années un projet important : la forêt du Grand Paris. 1300 hectares de terrain doivent être boisés pour boucler la ceinture verte francilienne, en reliant les forêts de Saint-Germain-en-Laye et Montmorency. Dans le cadre de ce projet, plusieurs milliers de parcelles doivent être acquises par le SMAPP (syndicat mixte pour l’aménagement de la plaine de Pierrelaye). La société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) peut préempter les terrains en vue de la réalisation du projet. Mais les propriétaires terriens, pour éviter cette préemption, préfèrent céder leur terre sous forme de donation.

Résultat : Plusieurs parcelles sont déjà occupées par la communauté des gens du voyage, qui aménage ces espaces pour y vivre. Michel Vallade « ne souhaite pas stigmatiser la communauté, présente sur le territoire pierrelaysien depuis plus d’un siècle. » L’élu souhaite plutôt un changement de législation, pour rendre impossible la donation de terres agricole à un tiers, sauf en cas de filialité ou de mariage avéré. Pour se faire, le maire de la ville a alerté les parlementaires et même le premier ministre, Manuel Valls. Michel Vallade estime que le nombre d’occupants illégaux pourrait croître dans les prochains mois. « Le projet est clairement remis en question aujourd’hui. Cela va fortement compromettre le boisement. »