Difficile à déceler, les vestiges de la seconde guerre mondiale sont pourtant bien présents dans le Val d’Oise. Les carrières de Mery-sur-Oise comptent le plus important ouvrage de l’armée allemande en Ile-de-France. Sous le nom de code 1401, les infrastructures de stockage de V2 de Méry-sur-Oise restent le témoin de la démesure des moyens engagés lors de la seconde guerre mondiale par les Allemands.

 

Ici, à Méry-sur-Oise, au prétexte d’une balade en forêt, la stupeur du promeneur est grande face à ces deux grandes entrées. Des milliers de tonnes de béton armé, des portes blindées et d’autres infrastructures guerrières. Autant de vestiges des secrets les mieux gardés par l’armée allemande.

 

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L’une des portes était destinée aux troupes et aux camions tandis que celle d’à coté, d’une hauteur de 7 mètres, devait permettre aux locomotives de rentrer dans le complexe sous-terrain. Découvrez ce qui ce cache derrière ces portes.

 

 

Le début des travaux

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Le réseau électrique a été installé par les Allemands  (J.P Delacruz)

22 mars 1940, l’armistice est signée par les représentant du 3eme Reich et le gouvernement français de Philippe Pétain. Avec elle, la France se retrouve inféodée à l’Allemagne Nazie. Les ingénieurs militaires allemands s’emparent alors directement de l’inventaire des sous-terrains français. Ce dernier avait par ailleurs, été commandé en 1930 par ce même Philippe Pétain, alors ministre de la Guerre. Objectif : trouver des souterrains destinés à protéger des usines, armes ou munitions des bombardements alliés. Dans le Val d’Oise, les carrières sont très courantes à cette époque. Simples champignonnières ou destinées à l’excavation de pierres, les plus adéquates aux projets militaires de la Wehrmacht sont réquisitionnées.

La famille Hennocque est propriétaire depuis cinq générations d’une des carrières de Méry-sur-Oise. Richard Hennocque se souvient : « On ne nous avait pas exproprié, on nous à tout simplement foutu dehors ». Un bataillon allemand s’installe par la suite à proximité des carrières. Les travaux commencent dès 1942. Des travailleurs du Service du travail obligatoire (STO) ainsi que des volontaires vont couler des tonnes de bétons pour concevoir un lieu de stockage pour l’une des armes les plus secrètes de l’armée allemande : le V2.

 

Le missile V2, l’arme secrète allemande

Vorbereitung eines Salvenstarts von Raketen des Typs A 4 (V-2) im sogenannten Heidelager bei Blizna

Les missiles V2 été lancés à partir de plateformes facilement transportables

Le V2 est une des armes les plus novatrices pour l’époque. C’est le premier missile balistique sol-sol opérationnel. Son ancêtre, le V1 n’était, pour caricaturer, qu’un petit avion sans pilote. Quant au V2, il est tout simplement le véritable « prototype » des premiers lanceurs des fusées de l’ère spatiale. Pourtant son impact fut minime sur le court de la guerre. En effet, le premier lancé de V2  n’a eu lieu qu’en 1944. Au final, la région de Londres recevra 1350 V2 et celle d’Anvers plus de 1600.

Le missile est conçu, entre autres, par l’ingénieur Wember von Braun dans la base Allemande de Peenemünde. La construction du missile a occasionné des milliers de morts. Outre les victimes des cibles visées, les travailleurs concentrationnaires chargés de les construire ont payé le plus lourd tribut.

 

 

Un projet démesuré non terminé

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Le tobrouk permettait de poser une mitrailleuse type MG

D’une hauteur de 7 mètres, large de 6 mètres et d’une longueur de 320 mètres, le tunnel ferroviaire principal a été creusé à même la roche au marteau piqueur. Selon Jean-Paul Delacruz, passionné par les souterrains, « on aurait pu charger et décharger un train transportant vingt V2 de 14 mètres ». Le site n’a jamais été opérationnel. Des retards dans la conception des V2 et la poussée offensive des alliées ont perturbé les travaux.

Des défenses extérieurs sont encore visibles comme deux tobrouks. Dans la forêt, on peut également croiser des champignons de béton destinés à protéger les évacuations d’air. Ces dernières devaient être couvertes pour éviter qu’une bombe ne tombe à l’intérieur et explose dans les souterrains. Le site de Méry a d’ailleurs été bombardé à trois reprises par les forces aériennes alliées. Le site sera abandonné avant la débâcle allemande.

 

La famille Hennocque revient sur place

La guerre est terminée. Dés 1946, la famille Hennocque revient sur place. Richard témoigne.

 

 

 

 

L’argent touché, correspondant aux dommages de guerres, a ainsi permis à Richard Hennocque d’importer des machines d’excavation de pierre d’Allemagne. Avant la guerre, cent personnes travaillaient dans les carrières pour excaver près de dix mille tonnes de pierres par ans. Par la suite, il n’y avait besoin plus que de dix personnes pour le même rendement. Pour l’anecdote, les pierres des carrières de Méry-sur-Oise ont permis de construire le Petit Palais à Paris. L’hôtel de luxe Lutetia a été aussi construit avec des pierres de Méry en 1910. Ce fut en 1940, le quartier général du service de renseignements et de contre-espionnage de l’état-major allemand.

 

Les carrières de Méry sur Oise sont une propriété privée, il est strictement interdit d’y entrer.