Dominique Lesparre, président d’AB-Habitat, souhaite changer le statut de l’office HLM AB-Habitat. Il est question de passer d’une Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) à une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Les syndicats, les associations de locataires et la municipalité d’Argenteuil dénoncent une privatisation.

Les quelques 30 000 locataires répartis sur Argenteuil et Bezons pourraient voir le statut de leur office HLM changer. C’est en tout cas dans ce sens que travaillent le Conseil d’administration d’AB Habitat et plus particulièrement le maire PCF de Bezons et président de l’office, Dominique Lesparre. « Actuellement, la collectivité de rattachement de l’office est l’agglomération, qui a la compétence logement », précise l’élu. Or, Argenteuil a manifesté sa volonté de rejoindre la métropole du Grand Paris au 1er janvier 2016. « Bezons va sûrement se retrouver dans les Yvelines et l’agglomération est vouée à disparaître », explique l’édile.

 

Dès lors, se pose la question du devenir d’AB-Habitat. L’office pourrait être une victime collatérale de ce divorce avec un possible éclatement en deux, entre Argenteuil avec la métropole du Grand Paris et la ville de Bezons. Pour échapper à une issue qu’il ne souhaite pas, Dominique Lesparre veut transformer AB-Habitat, actuellement Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) en Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC).

 

D’autres scénarios sont possibles mais ne satisfont pas Dominique Lesparre. Le maire de Bezons ne souhaite en effet pas voir AB-Habitat rattaché à Val d’Oise Habitat, l’office HLM du conseil général, présidé, jusqu’aux élections de mars prochain, par Georges Mothron, conseiller général UMP et maire UMP d’Argenteuil. Autre possibilité, que Bezons gère son parc, composé de 3000 logements environ. Un choix « difficilement viable sur le long terme », selon Dominique Lesparre, qui rejette également l’idée d’une société anonyme HLM, équivalent à une « privatisation ».

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Face à ce projet de changement de statut de l’office HLM qu’ils dénoncent comme une « privatisation », les syndicats ont interpellé la ministre du logement, Sylvia Pinel, et le préfet du Val d’Oise.

« On met l’office entre les mains d’actionnaires ! », la CGT

 

Cependant, pour les syndicats, les associations de locataires et la municipalité d’Argenteuil, cette coopérative HLM revient bien à une privatisation. « On met l’office entre les mains d’actionnaires. La logique est complètement différente. Actuellement les membres du Conseil d’administration ne mettent pas d’argent pour siéger », lance Daniel Blanc, délégué syndical CGT.

 

Du côté d’Argenteuil, le maire UMP Georges Mothron évoque une « privatisation qui ne répond à aucune logique, si ce n’est à de l’opportunisme politique et à de bas petits calculs politiques ». Pourtant, en 2003, alors qu’il était à la tête de l’office, Georges Mothron avait souhaité transformer AB-Habitat en Office public d’aménagement et de construction (OPAC). Un changement de statut également assimilé à une privatisation par les syndicats et Dominique Lesparre. A l’époque, le maire PCF était monté au créneau pour empêcher cette modification.

 

Plus de dix ans après, le scénario est inversé et c’est Dominique Lesparre qui se trouve à son tour au centre des critiques. Il se défend de vouloir opérer une privatisation et évoque un détournement de mot.

 

 

En plus d’une entrée de l’actionnariat, devenir une SCIC induirait deux autres grands changements : le passage d’une comptabilité publique à une comptabilité commerciale et la disparition d’agents de la fonction publique, principal point de crispation. Sur 300 salariés environ, ils sont actuellement près de la moitié concernés. « Un comité d’entreprise doit s’organiser en mars prochain pour faire des propositions aux salariés qui passeraient de la fonction publique au privé », assure Dominique Lesparre.

 

L’objectif que s’est fixé le président d’AB-Habitat, être prêt avant la fin de l’année, avant la disparition de l’agglomération Argenteuil-Bezons.