L’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, c’est 63 millions de voyageurs et 2 millions de tonnes de fret qui transitent chaque année. Une plaque tournante soumise à de nombreux trafics, notamment celui d’espèces protégés. En première ligne, plus de 1600 douaniers se relaient 24h sur 24 au contrôle des marchandises de Fret ou des voyageurs.

Difficile de trouver le lien entre la préservation de la biodiversité à Madagascar et les douaniers de Roissy. Et pourtant, ces derniers ont un rôle à jouer pour stopper les trafiquants d’espèces protégées. Sur les 20000 affaires que traite chaque année le service des douanes, 360 à 400 saisies sont liées à une entrave à la convention de Washington. Celle-ci interdit le commerce international de certaines espèces animales ou végétales, sauf autorisations exceptionnelles. Pour Frédérique durant, adjointe au directeur régionale du fret, « Il s’agit d’une mission qui tient à coeur des douaniers, ils ont l’impression de jouer un rôle important dans la lutte contre les trafics d’espèces protégées». Les contrôles ciblent les zones de Fret, et les voyageurs.

 

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Tête de crocodile du Nil

 

Des prises à faire froid dans la dos

Les douaniers ne sont jamais au bout de leurs surprises concernant le trafic d’espèces protégées. En janvier dernier, plus de 18000 hippocampes déshydratés ont été saisies dans la zone de Fret. Avec une valeur estimée à plus de 200 000 euros, le trafic reste, hélas, assez lucratifs. Le Pangolin, animal venant d’Afrique et d’Asie, souffre aussi énormément du braconnage. En octobre 2009, 100 kilos d’écailles de cet animal ont été saisies. Un chiffre qui fait froid dans le dos sachant qu’il faut entre 5 ou 6 pangolins pour faire un kilo d’écailles. Ces dernières, ainsi que les hippocampes déshydratés sont destinés, entre autres, à la médecine traditionnelle asiatique. Mais c’est l’ivoire d’éléphant qui reste la prise la plus fréquente des douaniers. Défenses ou objets d’ornements sont détectés sur le fret ou même directement sur les voyageurs. Enfin de nombreuses espèces sont parfois retrouvées vivantes. Elles sont généralement en mauvaise santé, à cause des conditions de transport, cachées ou enveloppées de scotch. « Nous avons retrouvés des petits oiseaux vivants emballés dans les doublures de manteaux d’un voyageur » ajoute Frédérique Durant.

 

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Crane de lion

 

Méthode de ciblage

Pour pouvoir cibler leurs recherches, les douaniers travaillent tout d’abord au niveau national avec le réseaux CITES. A l’échelle internationale, les services de douanes travaillent avec leurs homologues des différents pays du monde. La coopération avec Interpol ou Europol, permet aussi aux douaniers d’être alertés si une cargaison suspecte est détectée sur un vol en particulier. Ensuite, les douaniers vont cibler leurs contrôles selon les origines et destinations des vols. Les cargaisons venant d’Afrique et à destination de l’Asie sont les plus ciblées. « Nous orientons les contrôles selon les types de fraudes réalisés en France ou à l’étranger », précise Frédérique Durant. Les contrôles s’orientent aussi vers les cargaisons transportant des animaux vivants légaux, susceptible de cacher des animaux illégaux.

 

Que faire de ces saisies ?

Les saisies vivantes sont traitées en 24h. Elles sont tout d’abords confiées à la station animalière de l’aéroport avant d’être identifiées. Elles sont ensuite redirigées vers des associations ou des zoos si le retour au pays d’origine n’est pas possible. Pour les saisies non vivantes, elles sont systématiquement détruites dans des centres agréés sous contrôle douanier. L’année dernière, sept cent défenses d’éléphants saisies, d’un poids total de 3 tonnes, avaient été détruites à proximité du champs de Mars à Paris. Une opération médiatisée pour demander plus de coopération internationale

 

La Convention de Washington

Signée le 3 mars 1973 à Washington, c’est une convention sur le commerce international des espèces de faune ou de flore sauvages menacées d’extinctions. C’est un accord intergouvernemental qui répertorie plus de 34 000 espèces animales et végétales. Elles sont réparties dans trois annexes en fonction de la gravité du risque que leur fait courir le commerce international. Il est nécessaire d’avoir un permis ou autorisation stipulant un prélèvement légal et compatible avec la pérennité de l’espèce concernée

 


En chiffres

A Roissy, les saisies liées à la convention de Washington représentent :

 

50% des saisies Françaises

360 à 400 affaires par an

2/3 des saisies sur la zone de Fret

1/3 des saisies sur les voyageurs