Production emblématique des ateliers du Rhin, les grès allemands connaissent un véritable succès dans l’Europe de la Renaissance et jusqu’au XVIIIème siècle, notamment en Hollande et en Angleterre. Objets du quotidien, présents à la table des élites comme à celle des plus humbles, ils sont recherchés pour leur décor au ton politique ou moralisateur, inspirés de modèles iconographiques savants qui circulent alors sous la forme de gravures, de livres ou de plaquettes. Le musée de la Renaissance d’Ecouen leur consacre une exposition « Au gré du rhin » jusqu’au 20 avril 2015.

Le musée national de la Renaissance possède une soixantaine de grès fabriqués entre le XVIe et le début du XVIIIe siècle,dans les grands centres de la vallée duImage 1Rhin, comme Cologne, Siegburg ou encore Raeren.
Souvent représentés par les peintres du Siècle d’Or hollandais, ces objets de la vie quotidienne sont pourvus d’un abondant décor. Si les thèmes populaires sont parfois privilégiés, comme sur les cruches décorées de danses de paysans tirées de gravures de Hans Sebald Beham, les références à l’Antiquité ne sont pas délaissées, ainsi que le prouvent les vases ornés de profils d’empereurs romains. Soucieux de transmettre un message moral à leur utilisateur, les grès ont également pour vocation d’offrir une alternative séduisante aux productions métalliques plus coûteuses. Les formes employées par certaines productions de Siegburg peuvent ainsi être comparées à celles réalisées par les potiers d’étain, tandis que les productions de Raeren ou encore du Westerwald trouvent un écho dans les objets des fondeurs de bronze voire des orfèvres germaniques et français.
Enrichissant le fonds du musée national de la Renaissance d’une vingtaine de prêts issus des collections françaises (musée du Louvre, musée du Petit Palais) et allemandes (Cologne, Museum für Angewandte Kunst), cette exposition aura pour vocation de faire découvrir au public français un art méconnu et de démontrer la perméabilité existant entre les objets populaires et leurs sources savantes, véhiculées par le biais d’estampes et de plaquettes de plomb.