Considéré en « équilibre insincère » par l’ancien préfet du Val d’Oise, Jean-Luc Nevache, le budget de l’agglomération d’Argenteuil-Bezons est sous la loupe de la Chambre Régionale des Comptes. L’agglomération justifie pour sa part son choix de ne pas inscrire certaines dépenses.

Voté en décembre dernier, le budget de l’agglomération devra être revoté. Saisi par la municipalité UMP d’Argenteuil, l’ancien préfet du Val d’Oise, l’a jugé en « équilibre insincère » et l’a donc déféré à la Cour Régionale des Comptes, il y a quelques semaines. « J’ai considéré que les montants inscrits en dépenses ne correspondaient pas à ce qui est raisonnablement prévisible », précise Jean-Luc Nevache. Ce dernier évoque notamment « deux éléments » manquants au registre des dépenses.

 

Une dizaine de millions d’euros absent du budget

Le premier concerne la facture due à Azur, le syndicat d’ordure ménagère, dans le cadre du traitement des déchets. Le montant s’élèverait à plus d’une dizaine de millions d’euros. « Dans le budget voté, il n’y a aucune inscription », explique Jean-Luc Nevache. Ce montant mentionné par le préfet, l’agglomération ne le conteste pas, évoquant même une facture de 12 millions d’euros. Celle-ci explique qu’elle ne l’a volontairement pas inscrite dans le budget 2015 car ce montant faisait l’objet de discussions. Considéré comme un surcoût, cumulé sur plusieurs années, payé par Azur à Novergie, la société mandatée pour traiter les déchets, l’agglomération souhaitait en effet négocier l’annulation de cette dette. Selon l’agglomération, le renvoi du budget à la Chambre Régionale des Comptes, initié par le maire d’Argenteuil, a ainsi mis un coup d’arrêt aux négociations qui avait déjà permis de récupérer plus de 7 millions d’euros.

 

 

Des arguments qui ne convainquent par Georges Mothron, d’autant que l’agglomération avait jusqu’en mars pour voter son budget. « C’est encore une fois de l’ineptie d’explication ! Dans n’importe quel budget, on provisionne les risques même si on ne les utilise pas », rétorque le maire UMP.

 

Une dette envers Argenteuil manquante

L’autre élément qui ne figure pas dans le budget est la créance dont l’agglomération est redevable à Argenteuil. La municipalité UMP évoque une dette de 3 Md’€, dans le cadre de la mise à disposition du personnel. Presque 1 Md’€ a déjà été réglé. L’agglomération reconnait encore devoir environ 1,3 Md’€ mais elle conteste le reste. « Cette somme était d’ailleurs provisionnée en 2014 », précise Philippe Doucet, le vice-président de l’agglomération Argenteuil-Bezons. « N’ayant pas été réglé en 2014, il est nécessaire que ce montant apparaisse dans le budget », explique pour sa part Jean-Luc Nevache. A son tour, l’agglomération réclame la somme équivalente à Argenteuil. Philippe Doucet parle d’un simple « jeu d’écriture » et se dit prêt à réinscrire ces sommes dans le budget.

 

 

La CRC devrait rendre son avis dans les prochains jours.