Plusieurs centaines de proches et d’anonymes se sont rassemblés au Hall Saint-Martin de Pontoise ce vendredi matin en mémoire à Stéphane Charbonnier, alias Charb. Une cérémonie pleine d’émotion où des témoignages poignants se sont succédé sur scène.

Il est 10h quand le cercueil de Charb pénètre dans le Hall Saint-Martin sous les notes de l’hymne communiste, l’Internationale. Des poings s’élèvent dans la salle mais aussi à l’extérieur, un geste que faisait souvent le caricaturiste. A l’intérieur, environ trois cents personnes sont présentes, la famille et des proches du patron de Charlie Hebdo mais aussi des membres rescapés du journal, comme les dessinateurs Luz et Jul ou encore l’urgentiste et chroniqueur de l’hebdomadaire satirique Patrick Pelloux.

 

De nombreux officiels ont aussi fait le déplacement. Les ministres Christiane Taubira (justice), Najat Vallaud-Belkacem (Education) et Fleur Pellerin (Culture) sont venues assister à la cérémonie. Des figures de la gauche sont aussi là, le patron du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon ainsi que Pierre Laurent, le secrétaire général du Parti Communiste.

 

Dehors, ils sont aussi quelques centaines d’anonymes venus suivre la cérémonie sur écran géant. Certains ont dans leur main des stylos, symbole de la liberté d’expression, qu’ils brandissent de temps en temps. Dans la foule, une dame tient une affiche sur laquelle est inscrite la phrase qu’avait prononcé Charb dans un entretien au Monde : « Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux. ».

 

« Une absence est devenue ma compagne », Patrick Pelloux

 

Pendant près de deux heures, ils seront plusieurs à se succéder à la tribune pour livrer des témoignages plus émouvants les uns que les autres. Des interventions qui seront entremêlées d’intermèdes musicaux joués par les Têtes Raides, Marcel et son Orchestre et Bénabar. Le député-maire de Pontoise ouvre la cérémonie  Philippe Houillon rappelle les origines de Charb. « Stéphane est un enfant de pontoise. Un enfant des Louvrais. Il a grandi ici, il a fait ses études ici. Il a commencé ici sa vie professionnelle dans nos journaux locaux. Pontoise était sa ville. Il y reposera à jamais, en tant que citoyen d’honneur ».

 

Puis c’est au tour de Jean-Luc Mélenchon de s’exprimer sur un ton grave.

 

 

Puis c’est au tour de Luz, collègue et ami de Charb de prendre la parole. Un discours à la Charlie Hebdo, irrévérencieux avec une bonne dose d’impertinence. Le dessinateur, auteur de la Une du dernier numéro de Charlie Hebdo, a notamment énuméré plusieurs idées de dessins qu’aurait pu faire Charb.

 

 

Dehors, les sourires s’ouvrent sur les visages en écoutant le dessinateur. Ces anonymes ont tenu à dire adieu au dessinateur devenu pour eux le symbole de la liberté d’expression. « Il représente la liberté d’expression, de presse et pour tout ça je ne l’oublierai jamais. », déclare un jeune homme.  « La liberté ça ne se découpe pas en rondelles, il faut qu’elle soit entière, il faut que tout le monde continue de s’exprimer » lance une anonyme. « Ce qui est le plus important, c’est la liberté d’expression, la laicité. Il faut rester debout et le poing serré pour toujours », affirme encore une autre. « J’admire ta façon de penser. Ton courage et ton combat pour la liberté. Ton combat continue, tu peux compter sur nous. Nous sommes Charlie », peut-on lire sur les cahiers de condoléances, installés entre les deux écrans géants.

 

L’urgentiste et chroniqueur de Charlie Hebdo sera le dernier à prononcer des mots touchants.

 

 

Un discours vibrant qu’il termine sous les applaudissements nourris de l’assemblée debout. Puis le cercueil est emmené à l’extérieur direction le cimetière de Pontoise, là où Charb a été inhumé en toute intimité.